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Père Boris Bobrinskoy

Homélie aux obsèques d'Élisabeth Behr-Sigel le 30 novembre 2005

Nous sommes très nombreux à entourer et à accompagner aujourd'hui Élisabeth dans son dernier voyage, dans sa dernière Pâque, c’est-à-dire son "passage" de la vie mortelle à la vie immortelle. Enfants, petits-enfants, amis, frères et sœurs dans la grande famille ecclésiale, nous avons tous été marqués par sa présence, aimante et exigeante. Du monde entier nous viennent des témoignages d'affection de prière, de gratitude.

Elle fut pour moi une très fidèle amie depuis ma verte jeunesse et elle aimait à le rappeler.

Entrée dans la communion orthodoxe à l'âge adulte, elle ne renia jamais l'église de sa naissance et elle en garda pour toute sa vie une exigence de transparence et de courage en face de toutes les compromissions et lourdeurs dont souffrent nos églises, maculant et déchirant de nouveau et de nouveau la Robe sans couture du Christ.

Elle découvrit l'Orthodoxie avant tout dans sa tradition russe, tout d'abord à travers la personne charismatique du père Serge Boulgakov auquel elle garda toujours une vénération particulière. Dans l'Orthodoxie russe Élisabeth était particulièrement sensible aux grandes figures de sainteté qu'elle contribua à faire connaître, et en particulier à ceux qui accomplirent dans leur vie à l'extrême l'abaissement et la dérision à l'image de l'abaissement du Maître.

Nous devons beaucoup à Élisabeth dans notre prise de conscience de la vie ecclésiale et du témoignage orthodoxe ici en Occident. L'Orthodoxie française fut au cœur de son action ecclésiale, action qu'elle partageait en particulier avec le P. Lev Gillet, ce "moine de l'Église d'Orient" qu'elle a grandement contribué à faire connaître et aimer. C'est dans ce cadre que nous pouvons mentionner sa participation à la revue "Contacts" depuis plus de 45 ans. Touchant aux problèmes les plus divers elle cherchait à y discerner ce qu'elle appelait "les signes du temps". Elle fut de même une cheville ouvrière de la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale, œuvrant par là pour l'avènement laborieux d'une Orthodoxie locale. Élisabeth fut aussi pendant de longues années présidente orthodoxe de l'ACAT, veillant par là à un engagement concret et personnel dans le combat contre toutes les formes d'injustice et d'inhumanité. C'est à ce titre que j'aimerais souligner la qualité prophétique de son testament spirituel. Mais parler des prophètes, c'est toujours rappeler que leur parole est une voix dans le désert, dans celle exigence absolue de vérité et de transparence qui la caractérisait.

Le dialogue œcuménique était une de ses préoccupations majeures, depuis ses études de théologie protestante aux côtés du futur grand théologien catholique Louis Bouyer. De nos jours c'est le Carmel de Saint-Élie de Montbard qui l'entoura d'affection et consacra en son honneur un volume de Mélanges.

Je ne peux pas ne pas mentionner un des thèmes qui marqua grandement sa pensée, je veux dire la place et le rôle de la femme dans l'Église. Il ne s'agit pas tellement et seulement de la question de l'ordination des femmes au sacerdoce, à laquelle certes elle croyait. Personnellement, il me semble que ses questionnements à ce sujet se sont avérés utiles, car ils forçaient les théologiens orthodoxes à ne pas se satisfaire de l'argument de tradition et d'ancienneté et à réfléchir en profondeur sur le problème fondamental de l'anthropologie et de la différenciation des sexes et de son implication dans la vie de l'Église. Si celle réflexion a pris des proportions importantes dans son esprit, c'est que jusqu'à elle aucune réflexion fondamentale n'avait été menée. Mais au-delà de la question particulière de l'ordination des femmes au sacerdoce, il s'agissait avant tout pour Élisabeth de la dignité de la femme et de sa part entière dans la vie de l'Église. Pendant de longues années Élisabeth fut marguillière, c'est-à-dire présidente laïque de notre paroisse. Elle aimait rappeler la parole de saint Basile que la femme a été aussi créée à l'image de Dieu.

Aujourd'hui, de pair avec des sentiments légitimes de tristesse de séparation d'une grande amie pour tous ses proches que nous sommes, présents de corps ou d'esprit, c'est aussi un sentiment de gratitude qui ressort avec force pour tout ce qu'Élisabeth a été pour nous en ces longues années d'une vie exemplaire. Nous l'accompagnons aujourd'hui dans sa montée vers le Royaume qu'elle portait en elle et dont elle transmettait la lumière, la chaleur et la joie.

Amen

 

 

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