C'est pratiquement depuis ma naissance que j'ai été en contact avec Élisabeth Behr-Sigel. En effet, elle connaissait mes parents depuis la fin des années vingt. Ils étaient parmi les jeunes russes qui venaient prendre part aux liturgies en français célébrées par le Père Lev Gillet.
Du travail que nous avons mené ensemble, je voudrais évoquer une rencontre importante qui, malheureusement, est pour l'instant demeurée sans suite. En 1989, à Rhodes, a eu lieu le grand Congrès Panorthodoxe sur « La place de la femme dans l'Église », organisée par le Patriarcat Œcuménique mais où toute l'Orthodoxie était représentée : des Évêques, des théologiens, des moines (du Mont Athos, par exemple) des moniales de Roumanie, de Russie et d'autres lieux. Le Président était le Métropolite Chrysostome de Myre et j'étais le secrétaire. Élisabeth et moi étions toujours assis côte à côte à toutes les séances plénières et nous nous encouragions à réagir (positivement ou négativement) aux conférences dont les sujets étaient variés et l'argumentation souvent contradictoire. Tout particulièrement, la question de savoir pourquoi les femmes ne doivent pas entrer dans le Sanctuaire, ce qui a provoqué un tollé unanime des moniales présentes ! Également, on l'aura compris, la question de l'ordination à la présidence de l'Eucharistie. C'est là que nous avons été soumis à des exposés très souvent contradictoires. Les contradictions n'opposaient pas des partisans de l'ordination à des adversaires ; tous étaient contre. Mais nous avons pu constater que chaque argument avait un contre-argument. Du coup, Élisabeth et moi (et j'étais dans le comité de rédaction) avons proposé d'ajouter une phrase avouant franchement que pour l'instant, nous ne savons pas vraiment pourquoi nous n'ordonnons pas les femmes à la prêtrise. Inutile d'ajouter que cette proposition n'a pas été acceptée. En revanche, la proposition de rétablir le diaconat féminin a en fin de compte été votée à l'unanimité, bien que l'on ne constate guère de mise en pratique courante de cette antique tradition.
En un mot, plus elle avançait dans la vie d'ici-bas, plus elle apportait aux autres les produits des dons multiples que le Seigneur lui a confiés et qu'elle a fait fructifier. Dieu lui a accordé ce que nous ne cessons de demander : « Une fin chrétienne, sans douleur, sans honte, paisible et une bonne réponse devant le redoutable tribunal du Christ ». Qu'Il lui accorde aussi une mémoire éternelle !