(Chandeleur, ou Hypapante, ou Présentation au Temple)
Épître aux Hébreux VII, 7-17 – évangile selon saint Luc II, 22-40..
L’Épitre aux Hébreux rapporte au Christ cette prophétie du Psalmiste : « J’ai dit, me voici, [...] je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté.(1) »
C’est par les bras de Sa mère que Jésus accomplit la prophétie. Selon la Loi les parents de tout fils premier-né (2) devaient accomplir un sacrifice au temple pour son rachat. Mais Marie présente aussi son fils au temple, alors que la Loi ne le demandait pas expressément. C’est que Jésus, dés l’aurore de son existence, se devait d’être présenté à Son Père céleste, comme gage de faire Sa volonté. De plus, pour la Mère de Dieu et Joseph, qui savaient que Jésus avait été conçu du Saint-Esprit, qu’Il était le Fils du Très-Haut et le Saint de Dieu, il fallait qu’Il soit mené au temple, la maison de son Père.
Jésus est mené au temple dans le contexte sacrificiel du rachat d’un premier-né. Mais Jésus, offert par Sa Mère, s’offre Lui-même à Son Père en une offrande de digne de Lui. Dans sa venue au temple, c’est Son propre sacrifice que Jésus annonce. Jésus présente dès ce moment Sa vie offerte en sacrifice pour le rachat de Son peuple et celui des nations. Jésus, qui est et qui sera toujours sans aucun péché, vient se présenter au temple en sacrifice de substitution pour les péchés de Son peuple et du monde entier. Car c’est la volonté de Son Père qu’Il rachète tous nos péchés et en premier de ceux d’Israël qui est aussi le premier-né du Seigneur.
Survient la rencontre avec le vieillard Syméon. Syméon récapitule en lui l’espérance d’Israël. Il fait partie de ces pauvres d’Israël qui attendaient la consolation du Seigneur. Averti par l’Esprit Saint, il sait qu’il ne mourra pas sans avoir vu le Salut de Dieu. Poussé par l’Esprit, il monte au temple au-devant de Jésus et de Sa Mère, il reconnaît immédiatement l’enfant, le prend dans ses bras et prophétise : « Maintenant, Maître, Tu peux selon ta parole laisser aller en paix ton serviteur, car mes yeux ont vu ton salut... » C’est le cri de Job quand Dieu se révèle à Lui : « Maintenant mes yeux T’ont vu. (3) » C’est bien le Saint de Dieu que Syméon porte dans ses bras, « lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël. » Syméon voit dans ce nouveau-né la réalisation de la prophétie prononcée par Zacharie à la naissance du Baptiste : « Béni soit le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et délivré son peuple et nous a suscité une puissance de salut dans la maison de David son serviteur, selon qu’il l’avait annoncé.(4) »
En ce jour, Syméon ainsi que la prophétesse Anne reconnaissent en Jésus l’Oint du Seigneur, le Messie et Sauveur attendu depuis des siècles, Celui en qui toute chair verra le salut de Dieu, non seulement en Israël mais jusqu’aux confins de la terre et dans toutes les nations. Mais Celui que Syméon tient dans ses bras et sur lequel il prophétise est plus encore qu’un Messie : Il est véritablement le Saint de Dieu, le Fils du Très-Haut, en qui, dira saint Paul, réside corporellement toute la plénitude de la divinité (5) . En ce nouveau-né Jésus, c’est Dieu lui-même qui vient prendre possession de Sa maison, de Son peuple et à travers eux du monde entier.
Dés lors, la Présentation au temple de Jésus, la rencontre avec Syméon, bouleversent la vie d’Israël et l’ordre du monde. Car Jésus, entrant dans le temple, abroge l’ordre ancien du sacerdoce d’Aaron et institue un sacerdoce radicalement nouveau. À l’image prophétique de Melchisédech –ce roi et prêtre sans origine ni généalogie humaines, qui reçut la dîme d’Abraham et lui conféra sa bénédiction– Jésus, qui n’était de lignée ni lévitique ni aaronique mais de la tribu de Juda, est présenté au temple pour instituer en Sa Personne un sacerdoce totalement nouveau qui abolisse l’ancien et fasse dans le monde toutes choses nouvelles.
Ce nouveau-né de quarante jours vient au temple comme Grand-Prêtre d’un culte nouveau, pour configurer le monde à l’image d’une terre et de Cieux également nouveaux. D’ores et déjà ; Il introduit dans le monde un culte pur à l’image de la Liturgie céleste dont Il est le Grand-Prêtre de toute éternité. Et déjà, dans les bras de Syméon, la Jérusalem céleste brille comme un charbon ardent. La Présentation au temple et la Rencontre avec Syméon manifestent la volonté du Père pour Jésus. À la fois, le Seigneur se présente comme la victime sacrifiée dès avant la Création du monde pour le rachat des péchés et pour le salut du peuple de Dieu et du monde entier ; à la fois, Jésus se présente comme l’Unique Grand-Prêtre dont le sacerdoce transcende de toute éternité ce monde-ci et le monde à venir.
Syméon reçoit dans l’Esprit-Saint cette révélation. Mais de même que Moïse en ses derniers jours n’a pu accéder à la Terre Promise mais seulement la contempler du haut du Mont Nébo, de même Syméon, après avoir entrevu la Gloire de l’enfant que lui confiait sa Mère, demande au Seigneur d’entrer dans Sa paix. Ce jour-là un temps était révolu, un temps nouveau apparaissait.
Le mystère de la Présentation du Christ ne s’arrête pas là. Jésus ne cesse de toujours venir à notre rencontre. Il continue de venir à nous dans l’Église dont Il est la Tête, de venir à nous dans les sacrements de Son saint Corps et de Son saint Sang. Il vient encore à nous dans la présence de nos frères. Il vient à nous dans l’espérance de nos prières. Il est présent dans tous les événements qui nous touchent, à tout moment de nos vies. Jésus est Celui qui vient éternellement au-devant de nous. Alors, nous aussi, allons résolument vers Lui et proclamons tous à notre tour : « Me voici ! Seigneur, je viens, ô Dieu, pour faire Ta volonté. »
Amen.
Père René