Troisième dimanche après Pâques
Actes 6, 1-7
Évangile selon saint Marc XV, 43 -16,8
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
Le Christ est ressuscité,
En vérité Il est ressuscité !
Ce dimanche, fête des saintes femmes myrrhophores, est une fête absolument étonnante par sa délicatesse et sa richesse, étonnante par cet enseignement intérieur que nous pouvons en tirer.
Cet évangile que nous venons d’entendre commence par la mise au tombeau de Jésus. C’est le seul dimanche de l’année où la lecture de l’évangile recouvre à la fois la mort de Jésus, Sa mise au tombeau et Sa résurrection, et c’est particulièrement intéressant que ce soit justement autour du service de ces femmes que s’opère, que se vit et s’actualise ce mystère de la mort et de la résurrection du Fils de Dieu, devenu Fils de l’Homme.
Au moment même où les apôtres sont dispersés dans la crainte et l’angoisse – plus tard ils se réuniront toutes portes closes par crainte des Juifs –, les femmes, quant à elles, ne cessent d’être présentes – avec Joseph et Nicodème qui mettent au tombeau Jésus et qui sont aussi des myrrhophores –. Elles suivent, assistent et participent jusqu’au soir, puis, après le sabbat elles seront là très tôt le matin.
Avant même la mort de Jésus, Son embaumement avec une huile odoriférante ou un parfum de grand prix avait déjà été annoncée deux fois, par la femme pécheresse et par Marie, sœur de Lazare.
À cette occasion, Jésus avait déjà rappelé que « Cette femme a fait une bonne action […] en
répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture et je vous dis en vérité partout où cette Bonne Nouvelle sera prêchée – la bonne nouvelle de la résurrection, de l’Évangile –, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait.»
Nous pouvons élargir cette parole du Seigneur et affirmer que partout où la Bonne Nouvelle de l’Évangile et de la Résurrection sera prêchée dans le monde on rappellera ce que ces femmes myrrhophores ont fait : en servant le Seigneur, Le couvrant de parfum, baisant Ses pieds et L’enveloppant dans un linceul pour être, ensuite, les premiers témoins de la résurrection.
Cette onction a évidemment une valeur symbolique, elle signifie que nous sommes, nous aussi, appelés à oindre le Seigneur avec l’onction de nos larmes, de notre amour le plus profond et de notre désir. Cette onction veut dire que, pour nous également, pour nous maintenant, Jésus peut être aussi
Celui qui est au tombeau, Celui qui est entouré de toute notre tendresse, de tout notre amour, de tout notre désir, de toute notre tristesse aussi mais encore de toute notre espérance : Une espérance plus forte que l’angoisse et la tristesse, une espérance qui est, en vérité, certitude de la Résurrection.
Évidemment, lorsque les femmes allèrent au tombeau elles ignoraient que la pierre, fort lourde, serait mystérieusement déplacée, elles n’imaginaient pas qu’elles ne verraient qu’un ange assis – selon certains évangélistes, ou bien deux anges selon d’autres –, et elles ne savaient pas que le tombeau serait vide.
Quand elles arrivent auprès du tombeau tout semble se passer très vite, et quand elles réalisent elles ont peur comme le souligne le saint évangéliste Marc « elles ne dirent rien à personne car elles avaient peur » Mais cette crainte n’est pas le dernier mot car elles reçoivent l’ordre de l’ange « Allez promptement dire à Ses disciples qu’Il est ressuscité des morts. Car voici, Il vous précède en Galilée : c’est là que vous Le verrez. »
Et c’est ainsi que ces femmes seront magnifiées et vénérées jusqu’à la fin des temps car, en parlant de la résurrection, nous nous souviendrons toujours de ce service, de cette véritable diaconie de tendresse et d’amour. Nous nous souviendrons toujours de ces femmes qui sont allées verser à la fois l’onguent odoriférant et leurs propres larmes sur le corps de Jésus.
Mais il y a plus ! Il importe de nous rappeler aujourd’hui qu’elles reçurent une mission toute particulière : « Allez dire aux disciples, aux apôtres et à Pierre… ». Elles sont envoyées vers les apôtres qui, eux, sont dans la crainte et qui, à plusieurs reprises, lorsque Jésus leur apparaîtra, ne sauront même pas le reconnaître. Tandis que les disciples peinent à reconnaître le Seigneur au point que, comme aux disciples d’Emmaüs, Jésus leur reprochera leur manque de foi et la dureté de leur cœur, les femmes, quant à elles, reçoivent la mission d’annoncer aux apôtres la résurrection.
On pourrait dire que, pour les Douze, c’est comme une leçon d’humilité : il ne leur fut pas donné d’apprendre tout directement par le Seigneur qu’Il est ressuscité. Non ! Ils devaient l’apprendre par les femmes. Par conséquent, l’apostolat des Apôtres, l’apostolat des hommes, l’apostolat de l’Église dans toute la masculinité du sacerdoce ne doit pas nous faire négliger et perdre de vue la féminité de la myrrhe, la féminité des myrrhophores, et, dirais-je, la féminité de tous ceux qui sont en diaconie, de tous ceux qui sont au service de l’Église et de tous ceux qui, en définitive, sont appelés à dire aux apôtres, aux patriarches, aux évêques, aux prêtres « n’oubliez pas que le Seigneur est ressuscité ! »
Nous avons besoin, nous autres, prêtres, évêques, patriarches, nous avons tous besoin que vous nous disiez aussi que le Christ est ressuscité. Cette annonce si décisive n’est pas seulement unilatérale, elle est réciproque.
À nous aussi, il arrive d’être alourdis par le poids de nos doutes, de nos péchés, de nos tristesses, de nos angoisses et nous avons besoin que le Peuple de Dieu tout entier témoigne, vive et vibre profondément de cette foi, de cette joie, de cette certitude de la
Résurrection et qu’il ne cesse de l’annoncer aux apôtres : « Ne vous endormez pas vous-mêmes comme vous vous êtes endormis au Jardin des Oliviers ! Soyez vigilants car, en vérité, le Seigneur est ressuscité ! Réveillez-vous car, toutes portes fermées par crainte des Juifs, le Seigneur est venu et qu’Il vient ici aussi parmi nous !
Réveillez-vous car, toutes portes fermées, le Seigneur est présent ! »
Alors n’hésitons jamais à nous annoncer, les uns aux autres que le Christ est ressuscité. Et proclamons-le non seulement par des paroles mais encore, bien sûr, par notre propre vie, par notre propre exemple, par notre propre exploit spirituel, par notre propre amour et, en définitive, par ce feu de l’Esprit qui vit en nous.
Lorsque ce feu de l’Esprit vit en nous alors les uns et les autres, le clergé et les laïcs, nous sommes tous ensemble membres d’un seul peuple, le Peuple de Dieu, et alors d’un seul cœur et d’une seule voix nous ne pouvons que crier « le Christ est ressuscité ! »
Le Christ est ressuscité !
En vérité Il est ressuscité !
Amen.