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Deux événements

Un CR de l'Assemblée Générale de l'archevêché, à la lumière de la célébration liturgique, le 2 mai, des saints nouvellement canonisés.

Deux évènements rapprochés, de natures différentes , tous les deux importants, me semblent avoir marqué notre vie ecclésiale au cours des dernières semaines : l'un fut l'Assemblée Générale de notre archevêché – «  archevêché des églises orthodoxes de Tradition russe en Europe occidentale et exarchat du Patriarcat Œcuménique de Constantinople » tenu le 30 avril et le 1er mai derniers à Paris en la cathédrale Saint Alexandre Nevsky ; L'autre a été la liturgie pontificale suivie d'un moleben ( c'est-à-dire d'un service d'action de grâces) solennellement célébrée en la même cathédrale, en l'honneur des saints récemment canonisés, les premiers de notre église locale naissante.

Le rapprochement dans l'espace et le temps de ces deux évènements distincts m'apparaît comme une grâce, un signe de Dieu qu'il s'agit de déchiffrer pour nous en approprier le sens spirituel.

L'Assemblée générale de l'Archevêché avait officiellement un double objet :

- d'une part la ratification par elle de quelques modifications d'ordre technique des statuts de notre évêché, statuts relatifs au mode d'élection et de renouvellement des membres de son Conseil;

- d'autre part, l'élection conformément à ces statuts modifiés, de six nouveaux membres de ce Conseil – trois clercs et trois laïcs – appelés à assister l'Archevêque qui en est le Président.

Cette double tâche assignée à l'Assemblée concerne l'aspect institutionnel de l'Église.

Or, «  l'Église du Christ n'est pas une institution ; c'est la vie nouvelle avec et dans le Christ, mue par l'Esprit saint ». Telle est l'affirmation qui ouvre l'ouvrage classique l'ORTHODOXIE du Père Serge BOULGAKOV, premier doyen de l'Institut de théologie orthodoxe saint Serge, affirmation reprise par son successeur actuel, le Père Boris BOBRINSKOY, dans son récent livre intitulé Le Mystère de l'Église (1).

Faut-il en conclure que l'aspect institutionnel de l'Église est sans grande importance ?

Ni l'un ni l'autre théologien n'en tire cette conclusion. Provisoire, changeant, imparfait mais perfectible, appelé à être sans cesse transfiguré par la lumière qui émane de son être profond, l »ordre institutionnel est indispensable pour l'Église tout au long de son pèlerinage, paradoxalement  ensemble fécond et aride à travers l'histoire, jusqu'à la fin des temps. C'est dans cette perspective qu'il s'agit de mesurer la portée de la récente Assemblée générale de notre Archevêché. Il faut avoir l'honnêteté intellectuelle de reconnaître qu'elle a été marquée par des tensions qui se sont révélées à propos, en particulier, de l'élection de nouveaux membres du Conseil.

On sait l'émotion provoquée par l'initiative du patriarche Alexis II de Moscou (1er avril 2003 ) proposant aux entités ecclésiales issues de l'émigration russe en Europe occidentale, de surmonter leurs divisions pour s'unir en une grande métropole à laquelle l'église mère ne manquerait pas d'accorder une large autonomie. Apparemment généreuse, révélatrice d'une ouverture jusque là peu perceptible aux problèmes de la Diaspora, la proposition du Patriarche de Moscou a suscité des réactions contradictoires : joie et espoir des uns, crainte, méfiance, rejet, d'autres qui y discernent d'une part le danger d'une déstabilisation de notre évêché devenu aujourd'hui multiethnique et d'autre part le refus d'une évolution souhaitable, tendant au témoignage commun de tous les orthodoxes présents en Europe occidentale quels que soient leur origine ethnique ou nationale. C'est cette dernière tendance qui semble avoir prévalu, marquant les élections de l'Assemblée générale ; ceci, sans doute, non sans donner lieu à des sentiments de frustration dans les rangs de la minorité. Il faut souligner cependant que grâce à Dieu, grâce au charisme pastoral de notre archevêque et à la ferme sagesse du père Boris  Bobrinskoy qui dirigea les débats, grâce aussi à un effort commun, cette assemblée quoique traversée de tensions, s'est déroulée dans la dignité et dans un climat de respect mutuel.

Au-delà des divergences réelles qui, pour être surmontées dans la clarté et la vérité doivent pouvoir s'exprimer, la  volonté s'est manifestée de rester ensemble, de continuer à réfléchir et à œuvrer ensemble en implorant les lumières de l'Esprit saint, en vue de l'édification en Europe occidentale, d'une église locale une et dans le dépassement de tout phylétisme nationaliste, et dans le respect des traditions culturelles et de sensibilités différentes.

La célébration liturgique, le 2 mai, des saints nouvellement canonisés. À l'opposé de l'Assemblée de notre archevêché à laquelle n'étaient appelés à participer que les membres de son clergé et les délégués des paroisses, monastères et autres institutions qui y sont rattachés, la célébration liturgique du 2 mai était ouverte à tous.

Il y avait foule : aux orthodoxes parisiens représentants toutes «  les juridictions », se sont joints de nombreux fidèles venus de province, de différents pays d'Europe occidentale, voir d'Afrique, d'Amérique ainsi que des chrétiens d'autres confessions : au premier rang, le cardinal Lustiger archevêque catholique romain de Paris. Les voûtes de la cathédrale Alexandre Nevsky ont résonné des chants parfaitement synchronisés des deux chœurs, l'un chantant en slavon et l'autre en français. Un grand souffle de l'Esprit me semble avoir passé.

La célébration était présidée par notre archevêque Gabriel entouré de l'évêque roumain en France Monseigneur Silouane et de l'évêque Basile de Serguiévo venu de Grande Bretagne (Patriarcat de Moscou). « Le Christ est ressuscité » ont lancé les évêques. « En vérité il est ressuscité » a répondu une foule joyeuse, grave et recueillie. Malgré «  nos problèmes », malgré notre indignité, au-delà de tout ceci, nous avons communié dans la foi au Ressuscité !

Selon la grâce de la Pentecôte permanente anticipant la venue du Royaume de Dieu, en communion avec les saints de notre église locale, avec les saints de toutes les nations et de tous les temps, nous avons eu conscience d'être Église, Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Puisse cette prise de conscience éclairer les voies de notre pèlerinage historique !

Élisabeth BEHR-SIGEL

(1) Boris Bobrinskoy, Le Mystère de l'Église, Paris, Cerf 2003 p13