Éditorial de juillet-août 2009
Pentecôte permanente
Nous venons à peine de clore le, temps liturgique de la Pentecôte, de la grande cinquantaine pascale de la Résurrection du Christ qui culmine dans la descente du Saint-Esprit. Et déjà c’est la grande dispersion annuelle qui nous entraîne, loin du cénacle de la crypte, de nos communautés eucharistiques, soumis aux pulsions irrésistibles du cycle des saisons, dans l'année de grâce ouverte tout entière à la sanctification de l'Esprit.
Nous retiendrons de la Pentecôte historique du Livre des Actes des Apôtres quelques points essentiels que nous pouvons rappeler ici pour aider à notre préparation du temps de l'été :
1. - L'inauguration d'une ère nouvelle, du temps de l'Esprit la réconciliation de l'homme et du cosmos avec le Créateur. Dieu redevient proche, l'Esprit pénètre à nouveau les sous-bois de notre existence, La célébration annuelle de la Pentecôte est ainsi un sommet attendu, préparé et vécu profondément, qui donne l'impulsion spirituelle nécessaire à la dispersion, qui en assume l'unité cachée. Dans cette période de détente, de repos, de "réoxygénisation" variée, de silence peut-être, il est bon de souligner le primat du spirituel, d'une ouverture réaffirmée de notre être entier à Dieu, d'une certitude que la grâce et la lumière de Dieu reconstituent les fondements mêmes de notre vie, corps et esprit.
2. - La Pentecôte de l'Église est une pentecôte continuelle. "La Pentecôte, dit saint Jean Chrysostome, est une fête permanente. Si l'Esprit Saint n'était pas présent, l'Église n'existerait pas". Toute la tradition de l'Église orthodoxe rappelle l'actualité de la Pentecôte : la grâce est la même à la Pentecôte et maintenant. C'est particulièrement le mystère de la communion eucharistique qui actualise la Pentecôte dans l'aujourd'hui de l'Église. Au rythme scandé et rigoureux des liturgies hebdomadaires et de la communion fréquente en hiver suit dans le temps de l'été une eucharistie intérieure, plus proche de la terre, une louange plus silencieuse et humble qui permettent le travail créateur de l'Esprit dans le plus profond des cœurs.
3. - Enfin, la venue de l'Esprit ne se limite pas à la naissance de l'Église, mais permet le plein épanouissement des virtualités baptismales qui sont en nous, elle nous fait passer du stade de l'enfant à celui d'adultes responsables, elle fait de nous des porteurs d'Esprit, et donc de la Parole vivante de Dieu, elle nous éveille et nous confirme dans la diaconie, dans les services les plus variés et les plus personnels de Dieu dans le monde.
Il est nécessaire dans la vie de chacun d'entre nous, là où nous sommes, en ce que nous faisons, de pouvoir entendre l'appel de Dieu. Peut-être cet appel de Dieu passera comme une brise légère simplement pour nous confirmer dans ce que nous faisons, mais en rappelant pourtant que Dieu doit être au centre de notre vie. Peut-être cet appel de Dieu, ce souffle de l'Esprit passera comme un tumulte, comme un ouragan semant en nous-mêmes, au fond de nous le doute d'abord, le trouble ensuite et peut-être aussi une inquiétude : est-ce que je suis à la place où Dieu veut que je sois ? N'y-a-t-il pas un autre chemin, une autre vie, une autre route, une autre vocation plus décisive, plus difficile, plus sacrificielle aussi pour moi ? C'est une question que, peut-être, nous nous sommes tous posée à un moment donné de notre vie ? Il ne s'agit pas certes de se culpabiliser en regardant en arrière et en se disant - oui, je n'ai pas été assez obéissant à Dieu, j'ai eu peur, j'ai été rempli de crainte. Il s'agit de se mettre aujourd'hui dans le courant de Dieu, dans le mouvement de cet appel de Dieu qui nous prend là où nous sommes et qui veut nous situer dans l'Église, c'est-à-dire qui veut faire de nous Ses enfants, et aussi des serviteurs à part entière, offrant si c'est possible notre vie entière pour l'avènement du Royaume du Christ.
C'est cela aussi un aspect de la venue du Saint-Esprit dans la Pentecôte, où Il marque, où Il met à part dans l'Église, pour l'Église, mais aussi en sortant de l'Église pour le monde, certains d'entre nous, hommes ou femmes, qui sont appelés et qui devront demeurer fidèles à cet appel de laisser tout ce qu'ils ont - barque, filet, père - pour suivre Jésus.Père Boris
Bulletin de la Crypte N° 374 juillet-août 2009