Éditorial de mai-juin 2009
« Voici que par la Croix, la joie est venue dans le monde entier.
Pour nous, le Christ a enduré la Croix, et par sa mort, il a détruit la mort ».MESSAGE DE PÂQUES DE S. EM. L'ARCHEVÊQUE GABRIEL DE COMANE EXARQUE DU PATRIARCHE ŒCUMÉNIQUE
Messeigneurs,
Mes révérends pères,
Chers frères et sœurs en Christ,Le Christ est Ressuscité I
Par cette joyeuse acclamation, je suis heureux de vous annoncer la Résurrection du Seigneur Jésus. Cette annonce est la plus grande, la plus conséquente, que nous puissions prononcer et recevoir dans nos cœurs. En effet, c'est tout le mystère du Salut qui s'accomplit dans cet événement. À Pâques, le Christ nous prouve tout l'amour trinitaire pour les hommes et toute la création.
En cette joyeuse fête nous ressentons dans nos cœurs l'immense bonté de Dieu qui vient nous dire combien Il nous aime, quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvons : en effet, nous sommes tous pêcheurs, nous sommes tous affaiblis par la faute d'Adam et par nos propres faiblesses, et nous savons combien cela entrave notre vie quotidienne. Mais, en ce jour, nous nous réjouissons, car nous savons que le Seigneur a pris toutes nos fautes et, montant volontairement sur la Croix, Il les a jetés définitivement derrière elle. En ressuscitant, Il nous donne la grâce de nous tenir debout dans Sa lumière indicible !
Par cet événement fondamental qui est la référence de toute notre vie chrétienne, nous sommes transformés : nous étions morts, nous sommes ressuscités C'est la grâce des grâces : « Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis et la grâce de Dieu n'a pas été vaine I » (1 Cor XV, 10).
Nous avons été préparés au Salut par « la bouche de tes serviteurs les prophètes » (liturgie de saint Basile). C'est un ange qui annonce à Marie qu'elle va devenir la Mère de Celui qui vient au milieu de nous pour nous sauver et nous chantons alors : « Aujourd'hui notre salut commence… » (tropaire de l'Annonciation), puis le Christ lui-même nous dira qu'il est venu pour nous les hommes et pour notre salut. Et pour nous montrer que tout est possible et combien Il nous aime, Il ressuscitera Lazare son ami, non sans avoir pleuré devant sa dépouille : à ce moment nous comprenons que les larmes du Seigneur reflètent toute sa miséricorde, tout cet amour de l'homme qui le conduira à donner sa vie pour nous sauver !
Enfin c'est encore un ange qui annonce aux femmes myrrophores que Jésus n'est plus enfermé dans le tombeau, mais qu'Il est ressuscité Aux disciples d'Emmaüs le Christ lui-même, en commençant par les prophètes, leur rappelle comment le salut leur fut annoncé I Nous savons tout cela mais il n'empêche que, lorsque nous méditons et contemplons la résurrection du Fils de Dieu, nous sommes toujours heureusement surpris, nous sommes bouleversés et nous nous prosternons devant le seul Saint, le seul Seigneur : « Jésus, à la gloire de Dieu le Père ! » (liturgie de saint Jean Chrysostome). Il nous est probablement nécessaire d'être toujours surpris par ce mystère de la Résurrection : en effet, nous nous accoutumons à notre faiblesse, à nos fautes et par conséquent nous risquons de nous enliser dans l'habitude de notre péché et de trouver cela normal. Mais, lorsque nous revivons la Pâque du Seigneur, son passage à travers la mort, lorsque nous nous laissons réjouir par ce mystère ineffable, où par Sa mort volontaire Il a vaincu la mort, alors c'est tout notre être qui est bouleversé dans la prise de conscience de l'Amour infini de Dieu.
C'est cet Amour qui nous sauve, c'est par lui que nous revivons, que nous reprenons confiance, c'est lui qui suscite en nous l'espérance. Peut-être sommes nous aller très loin dans notre péché, peut-être même pensons-nous : trop loin.
Peut-être sommes-nous au bord du gouffre du désespoir ? Eh bien à ce moment précis savez-vous ce que Dieu nous dit ?
Il nous dit : et alors ? Où est le problème ? Je te l'ai dit : tu es aimé au-delà de ce qui est pensable, souviens-toi ! « Même si une mère abandonnait son enfant, moi je ne t'abandonnerai jamais ! » (Isaïe 49,15) et je t'en donne la preuve : mon Fils a accepté volontairement de mourir pour toi, de connaître le pire que l'homme puisse connaître, participant totalement à ta souffrance pour que tu communies totalement à l'Amour divin. Par sa Résurrection Il te donne accès à l'Amour qui unit les trois personnes Trinitaires.
Par là tu gouttes à la Vie, c'est ta Vie éternelle qui t'est proposée : « Entre dans la Joie de ton Maître ! »
Ainsi, frères et sœurs, ta vie du Christ devient ma vie et ce, au travers de la miséricorde infinie de Dieu Cette immense joie qui en découle devient la joie de toute l'Église. De cette joie légitime, nous devons garder trace tout au long de nos jours, nous devons être les témoins de l'Amour infini de Dieu, nous devons échanger cet amour entre nous, même avec nos ennemis. Quelle grande aventure ! Une aventure qui, sans le secours de Dieu, est impossible ! Mais, si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? Même dans notre enfer quotidien, dans notre nuit, Il est là pour nous dire qu'Il nous aime t cela jusqu'à la fin des temps. N'ayons donc pas peur, vivons de la seule thérapie qui guérit : vivons de l'Amour de Dieu, aimons Dieu, aimons-nous les uns les autres et chantons d'un seul cœur : « Le Christ est ressuscité des morts, par sa mort Il a vaincu la mort !
Avec tout mon amour je vous transmets le triple baiser pascal : « Le Christ est ressuscité ! En vérité, Il est ressuscité ! ».
Que la bénédiction du Seigneur ressuscité soit sur vous tous !
Amen.
Paris, cathédrale Saint Alexandre Nevsky, 6/19 avril 2009.
Bulletin de la Crypte N° 373 mai-juin 2009