Éditorial d'octobre 2008
Éditorial
Ouvrant ce numéro d’octobre de notre bulletin de la crypte, il apparaît que ce mois, et par lui notre
année ecclésiale tout entière, s’ouvre par la fête de la Protection (le Pokrov, le Voile) de la Mère de
Dieu au premier du mois. Cette fête mariale est inconnue en Occident, mais est très vénérée dans
les pays orthodoxes, et particulièrement en Russie. Le monastère près duquel je me trouve à Bussy en Othe est dédié à cette fête. Le Voile de la Mère de Dieu recouvre et protège nos vies et « puissante est son intercession maternelle auprès de son Fils ».Je pense aujourd’hui en particulier au seul moment où les Évangiles relatent une intercession
de Marie : « Ils n’ont plus de vin » (Jn 2,3). Cette parole proférée aux noces de Cana en Galilée acquiert une résonance et une portée infinies. Au-delà du cas particulier d’un modeste mariage en Galilée où Marie avait été invitée avec son Fils et ses disciples, ce manque de vin (et donc manque de joie) lors de la fête nuptiale pour lequel elle intercède reflète le manque d’un autre Vin, du Breuvage d’immortalité du Royaume. De ce Vin, le Seigneur nous en donne l’avant-goût dans la communion eucharistique. « Donne-nous de communier à Toi plus manifestement dans le Jour sans déclin de Ton Royaume », disons nous ce chant pascal après avoir communiés au Corps et au Sang vivifiant du Christ. Ainsi s’inaugure, ici et maintenant, la transformation de l’eau de notre existence terrestre en Vin nouveau, la divinisation de notre humanité par l’Esprit d’adoption filiale.Je sens très fort combien cette parole de la Mère suivie du consentement du Fils fonde toute la
vénération ecclésiale de Marie, « celle que toutes les générations diront bienheureuse » (Lc 1,48).Certes, cette maternité ecclésiale de Marie demeure soumise au jugement de son Fils duquel émanent
justice et miséricorde. Marie nous convie à suivre le Christ jusqu’à la Croix comme elle L’a suivi, elle qu’« un glaive avait transpercé le coeur » (Lc 2,35).Mais l’ultime mention de Marie dans les Écritures sera dans l’attente de l’effusion pentecostale de l’Esprit sur l’Église naissante (Act 1,14) où celle sur laquelle était déjà descendu et demeuré
l’Esprit à Nazareth (Lc 1,35) accompagnera la jeune Église apostolique dès la Pentecôte et jusqu’à sa Dormition elle aussi à Gethsémani.Le disciple que Jésus aimait, Jean l’Évangéliste, auquel Jésus mourant confiera Sa Mère se souviendra de la parole de Marie à Cana de Galilée et nous la transmettra comme expression de son intercession maternelle « Ils n’ont plus de vin » et jusqu’à la fin des temps sa prière sera entendue et exaucée.
Père Boris
Bulletin de la Crypte N° 366 octobre 2008