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Éditorial de mai 2008    

Éditorial

« Ne pleure pas ô Mère, en me voyant dans le tombeau … »

La veille du samedi de la résurrection de Lazare, j’ai retrouvé une amie d’enfance qui, il y a peu, a perdu son fils et qui aujourd’hui vit cette séparation avec une tristesse infinie, une nostalgie palpable dans chacune de ses paroles, dans chacun de ses gestes mais aussi avec une extraordinaire envie de croire, d’avoir foi en la vie éternelle, en la résurrection. En quittant cette amie, ce soir là, je portais une part de cette tristesse ; je me sentais impuissant – bien incapable de dire les mots qui consolent, les mots qui redonnent espoir.
La tristesse de cette amie, de cette mère, cette nostalgie, ces larmes ce sont les mêmes que celles de Rachel, de la veuve de Naïm, de la mère de Dieu auprès de la Croix, ou du Christ lui-même dans toute son humanité découvrant son ami Lazare gisant dans son tombeau.
Lorsqu’il croise la veuve de Naïm et son cortège funèbre, il s’adresse à elle en lui disant : « ne pleure pas ». Il lui parle au présent – c’est maintenant la fin de ton malheur. Et dans toute sa puissance, il ressuscite son fils. La Seigneurie de Jésus sur la mort est complète. Cette victoire sur la mort s’applique autant à la mort physique qu’à la mort spirituelle.C’est avec cette même parole que le Seigneur s’adresse constamment à chacun d’entre nous :

Ne vois-tu pas que je suis là !

Ne vois-tu pas l’éternité !

Ne vois-tu pas que ce que tu crois mort en toi est simplement assoupi !

Ne vois-tu pas que l’amour est plus fort que la mort ! Que cet amour réunit le ciel et la terre ! Il est là et dans toute la puissance de son amour. Il restaure dans nos cœurs, dans notre vie, tout ce que nous croyons avoir perdu. Cet amour fait disparaître toutes les barrières, toutes les distances, toute notion du temps et nous transporte vers l’éternité.

Du samedi de la résurrection de Lazare au dimanche de Pâques, il y a aussi la montée vers Jérusalem et la Semaine de la Passion ; il y a la Croix, la descente aux enfers, là où il n’y avait ni joie, ni lumière, ni espérance mais la désolation et les larmes. En descendant aux enfers parmi les morts, Jésus fait sienne la souffrance de tous les hommes, de toutes les mères. Il s’offre à nous. Il attend que nous prenions la main qu’il nous tend, pour nous saisir et nous conduire auprès du Père ; comme, il saisit Adam et Ève sur l’icône de la résurrection.

Et puis, il y a Pâques. En ressuscitant dans toute sa puissance, il devient notre propre résurrection et notre vie. À cela nous ne pouvons répondre que par l’amour, l’espérance et la foi.

Lorsque Marthe s’adresse à Jésus, pleine de reproche sur son absence lors du trépas de Lazare, Jésus répond par une question « Crois tu qu’il ressuscitera ? » La foi, ici est centrale. La foi c’est ce chemin sur lequel Dieu et l’homme vont à la rencontre l’un de l’autre.

Nos souffrances viennent de notre oubli de Dieu, de notre manque de confiance, de ce que Jésus appelle notre peu de foi. Il faut avoir soif de

Dieu pour aller à sa rencontre mais aussi pour pouvoir dire avec Saint Augustin « Tu nous as créés pour Toi, et notre cœur n’aura pas de repos, avant de pouvoir reposer en toi ».

Tout ce que nous avons vécu durant ces jours de la semaine sainte, durant cette nuit de Pâques, tout ce que nous avons entendu, chanté, proclamé, c’est la vraie vie. Chaque dimanche, il nous est donné de le récapituler dans la liturgie eucharistique, il nous est donné d’entrer dans ce jour sans déclin où il n’y a plus de larmes, plus de gémissements, plus de douleur ; il nous est donné de participer à la communion des Saints, là où l’amour de notre Seigneur réunit le ciel et la terre ! Là où le présent de la résurrection du fils de la veuve de Naïm devient notre propre présent. « Aujourd’hui tout est inondé de lumière, le ciel, la terre, et les enfers. Que toute la Création célèbre la Résurrection du Christ, car en lui elle est confirmée ! ».

Voila ce que je veux dire aujourd’hui à mon amie ! En fait, il y a tant à dire ou plutôt il y a tant à vivre !

Nous entrons maintenant dans le temps de l’attente de l’Esprit Saint que nous a promis le Christ. Laissons souffler sur nous sa brise vivifiante, qui nous réveille ; qu’il nous fasse sortir de l’oubli de Dieu ; qu’il nous aide à redevenir les enfants de Dieu, pleins de confiance. Dans cette confiance plus rien ne peut être ébranlé car nous sommes sûrs d’être aimés. Notre confiance dissipe la mort. Nous n’avons plus rien à craindre.

Il nous a promis d’être avec nous jusqu’à la fin des jours.

Demandons aussi la grâce d’être les porteurs avec le Christ de cette vraie vie à laquelle doivent naître tous les hommes et d’être, nous mêmes et nos communautés, les témoins de son amour et de la résurrection afin que la tristesse des mères se transforme en espérance, afin le monde croit.

Père Alexis

Bulletin de la Crypte N° 363 mai 2008