Éditorial de novembre 2007
Éditorial
La Prière des Psaumes
Il y a quelques jours a eu lieu aux Éditions du Cerf le lancement de l'ouvrage publié à titre posthume de Mère Anastasia Psautier liturgique orthodoxe. À l'intérieur de ce bulletin vous trouverez la présentation de cet ouvrage par Jean-Claude Larchet ainsi que la préface que j'y avais incluse. Je voudrais pourtant m'arrêter dans cet éditorial et tout d'abord rappeler la place unique du psautier de David dans toute l'histoire du salut depuis le roi Prophète, à travers toute l'histoire mouvementée du Peuple élu, dans l'accomplissement de la prière juive en Jésus Christ, dans la centralité du Psautier dans la prière liturgique de l'Église, et enfin dans la vie la plus personnelle et la plus intime du croyant, ou, osons le dire, du cherchant Dieu.
Ces phases successives ou appropriations du psautier de David ressortent fortement tant de la traduction des psaumes assortie de notes en différents couleurs que de son introduction où l'on voit combien Mère Anastasia a vécu le Psautier comme une aventure personnelle où elle trouvait l'expression la plus vraie de son combat spirituel, de sa recherche de Dieu, de son combat avec le Seigneur, particulièrement lors de la mort brutale de son fils.
Il est vrai, dans le développement du culte ecclésial, et particulièrement dans l'Église orthodoxe, le Psautier a été grandement recouvert et bien souvent supplanté par des créations hymnographiques byzantines de toute beauté d'ailleurs, mais privant souvent le Psautier de sa place centrale dans la célébration liturgique, que ce soit des vêpres ou des matines. D'ailleurs, le chemin de découverte et de familiarisation du Psautier est toujours une affaire personnelle. Dans la pratique orthodoxe la plus courante, on découvre les psaumes ou versets psalmiques qui émaillent les offices liturgiques et peu à peu le Psautier peut devenir un livre de chevet dans lequel ressortent des psaumes de prédilection.
Pour Mère Anastasia, « le Roi-prophète David devint son âme sœur dans la traversée de la mort, puis un compagnon de combat, un soutien, un consolateur et finalement un frère dans la joie et la louange. » Livre prophétique et symbolique par excellence, c'est dans ses psaumes que se dessinait pour Mère Anastasia avec une force croissante le visage du Maître de Nazareth, celui du Crucifié, puis, enfin du Ressuscité en Lequel elle trouva la paix qui l'illumina dans les derniers temps de sa vie.
Dans l'introduction de Mère Anastasia qui accompagne ce Psautier elle a livré son parcours le plus intime. Elle peut offrir une consolation à des personnes qui sont dans l'épreuve, dans le désespoir : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-Tu abandonné ?» Mais ces personnes dans la tribulation y trouveront non moins la consolation auprès du Seigneur : « Retourne-t-en, mon âme, et trouve le repos, parce que le Seigneur t'a comblée de ses biens.»
Père Boris
Bulletin de la Crypte N° 357 novembre 2007