Éditorial de juin 2007
Éditorial
L'Esprit Saint, Vie de l'Église
"Nous célébrons la Pentecôte, l'avènement de l'Esprit" avons-nous chanté il y a quelques jours.
"L'Esprit Saint donne tout, Il bâtit tout l'édifice de l'Église". A partir d'aujourd'hui, nous invoquons en toute
liberté et audace l'Esprit Consolateur : "Roi céleste, Consolateur, Esprit de vérité,… viens, fais ta demeure
en nous…".Il faut lire et relire les chants de l'office de la Pentecôte. Il en émane une telle plénitude d'espérance, de joie, de reconnaissance, car c'est en ce jour que s'accomplit la promesse du Sauveur : "Il vaut mieux pour vous que Je M'en aille…Je vous enverrai l'Esprit Saint". Cet envoi de l'Esprit ne se fait pas en ce jour seulement, mais en permanence et jusqu'à la fin des temps. L'Eglise est toujours sous le signe de l'Esprit.
Nous sommes donc plus que jamais dans la mouvance, dans le souffle (tantôt comme une brise légère, tantôt comme un vent violent),dans le feu de l'Esprit. Il œuvre dans nos cœurs, nous sollicite, nous bouscule, à la fois humblement (c'est le starets athonite Saint Silouane qui nous rappelait que l'Esprit Saint est humble, à l'image du Christ qui frappe à la porte de nos cœurs), mais aussi avec puissance et exigence, et non moins dans la vie de nos Eglises, afin que nos divisons et nos antagonismes puissent être surmontés. C'est ici que j'aimerais mentionner deux évènements de la vie de nos églises pour lesquels nous devons rendre grâces au Seigneur et nous interroger.
Tout d'abord, j'aimerais évoquer le tout récent rétablissement de la communion entre le Patriarcat de Moscou et l'Église russe hors-frontières. Je cite à ce sujet des extraits du message de notre Archevêque Gabriel diffusé à cette occasion :
« Le Patriarcat de Moscou et l'Église orthodoxe russe hors-frontières viennent de rétablir la communion eucharistique et, ce faisant, des relations canoniques. Cet acte permet de résorber une scission douloureuse qui existait entre ces deux Églises depuis quatre-vingts ans. Nous ne pouvons que nous réjouir de cet événement, qui concerne l'ensemble de l'Orthodoxie, car tout ce qui touche une partie du corps de l'Église du Christ concerne l'ensemble de l'Église ». Il s'ensuit donc que « Le rétablissement de la communion avec le Patriarcat de Moscou, et au-delà avec le reste de l'Église universelle, implique logiquement de la part de l'église russe hors-frontières une adhésion au travail commun qui est fait, dans de nombreuses contrées, entre les évêques orthodoxes de différentes juridictions afin de témoigner ensemble de la foi orthodoxe et d'œuvrer, dans la coopération et la bonne entente, à l'édification et au salut des chrétiens orthodoxes qui vivent dans ces pays. Il existe déjà, depuis longtemps en France, plus récemment en Allemagne, une expérience de ce travail. Ce témoignage d'unité et d'amour doit conduire les orthodoxes de nos pays à agir ensemble en vue de l'édification d'une Église une, qui ne peut s'inscrire que dans une perspective locale, territoriale, au-delà des différences de nationalités ou d'origines ethniques, ce qui ne veut pas dire qu'ils abandonneraient leurs traditions liturgiques, leurs langues et leurs coutumes, ni leurs liens d'amour et d'affection pour leurs différentes Églises-mères ».
En second lieu et dans une mesure plus modeste, nous devons nous réjouir de la teneur de l'Assemblée clérico-laïque de notre Diocèse qui s'est tenue dans la dignité et la joie de notre profonde union spirituelle autour de notre Archevêque Gabriel. C'est alors que fut votée à la quasi-unanimité l'intégration dans notre diocèse multinational du "vicariat" de Grande-Bretagne avec à sa tête Mgr Basile (Osborne).
Ainsi, nous assistons et participons à deux processus qui à première vue sembleraient se contredire.
Le premier menant à une réunification de diocèses et de paroisses russes éparpillés dans le monde entier sous l'autorité suprême du Sa Sainteté le Patriarche Alexis, ce processus se situant dans le cadre d'une très forte conscience nationale.
Le second exprimant surtout la conscience non moins forte de l'unité orthodoxe de membres ou de paroisses provenant de différentes origines ethniques, mais cherchant à vivre ensemble leur foi et à témoigner de leur espérance commune dans les pays où le Seigneur les a conduits à vivre.
Dans le premier cas, unité restaurée de membres d'une église nationale, mais en tant qu'étape nécessaire à un meilleur témoignage et à une plus efficace coopération avec les églises orthodoxes dans les pays d'implantation. Dans le second cas, lente et difficile édificationde l'"Église locale" qui ne doit pas se faire en compromettant ou bafouant les liens spirituels avec nos églises d'origine dont nous chérissons les traditions spirituelles et liturgiques comme notre propre héritage le plus précieux. D'ailleurs, dans la mesure où nos "églises mères" sauront encourager l'édification de l'église locale dans les différents lieux où le Seigneur nous a dévolu de vivre, les liens filiaux et notre reconnaissance envers nos églises d'origine ne pourront que se renforcer pour le bien de tous.
Tel est finalement le message pentecostal que j'aimerais vous communiquer, message de paix, de réconciliation, de respect des convictions et des souffrances de chacun. Que l'Esprit abatte les murailles de nos divisions et… qu'Il nous jette dans les bras les uns des autres. "Viens, Esprit Consolateur, fais ta demeure en nous…"
Père Boris
Bulletin de la Crypte N° 354 juin 2007