Éditorial de février 2007
Éditorial
À la veille du Grand Carême
Au moment où ce bulletin paraîtra, nous serons à la veille d’entrer dans le Grand Carême, cette période unique et essentielle de notre vie ecclésiale commune et non moins de notre vie ecclésiale la plus personnelle. Le commun et le personnel sont inséparablement liés, car le mystère de la personne humaine – à l’image des Personnes divines – consiste en la complémentarité de l’unique et du multiple. La personne humaine se définit en effet et se construit à la fois dans sa vocation d’enfant de Dieu unique et dans sa relation à la communauté humaine, familiale, sociale, ecclésiale, dans laquelle elle se découvre et où elle s’assume.
Tout ceci pour rappeler combien la vie liturgique de l’Eglise est un lieu et une dimension nécessaires de notre itinéraire le plus personnel et le plus intime. Nous découvrons particulièrement cette complémentarité de l’unique et du multiple dans le mystère de l’Eucharistie, où dans le partage du calice d’immortalité nous réalisons notre vocation d’enfants du Père et par conséquent nous découvrons toute la mesure de notre fraternité. Une fraternité d’ailleurs ouverte, qui ne se limite pas aux membres de la communauté ecclésiale visibles et proches, mais qui s’étend vers les cieux ouverts à toute la communion des saints et de nos défunts, et qui, enfin nous fait ouvrir nos bras et nos cœurs à nos frères démunis, à l’image du Maître qui rappelait avant sa Passion : “Quand Je serai élevé de terre, J’attirerai tous les hommes à Moi“ (Jn.12,32).
Je vois que ma plume m’a entraîné où je ne pensais pas aller, mais j’en suis finalement heureux. Beaucoup de choses belles et importantes ont été dites et écrites sur ce joyau de l’Orthodoxie qu’est le Grand Carême. Que ce soit “Le Grand Carême“ du Père Alexandre Schmemann, où “L’An de grâce du Seigneur“ du Moine de l’Église d’Orient. Il est bon de nous y ressourcer.
Puisse cet éditorial nous rappeler à nous tous l’importance de ce temps “pré-pascal“ sans lequel la Pâque elle-même serait terne et creuse. Nous y sommes appelés au combat spirituel, nous tous, autant que nous sommes, au jeûne des pensées, des sens et de la langue, à l’amour renouvelé du frère et du pauvre, et bien sûr à la prière, à la fois ecclésiale, liturgique, mais non moins personnelle, intime, constante, dans une offrande incessante et confiante de nos vies et de nos proches au “Seigneur et Maître de nos vies“.
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Père Boris
Bulletin de la Crypte N° 350 février 2007