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Éditorial de décembre 2006     

Éditorial

Sous la seule protection de l'amour et de la sainteté

       Nous fêtons aujourd'hui la naissance du Fils de Dieu, devenu Fils de l'Homme pour notre salut à Bethléem de Judée. C'est un grand mystère que cette naissance du Seigneur, cette descente de Dieu dans la vie humaine. Nous pouvons l'appeler une condescendance d'amour, car la preuve de l'amour, c'est de se dévoiler, de s'ouvrir, de se donner.
       Dans les clichés pieux de notre vision humaine, nous avons fini par représenter la Nativité sous une couleur rose : la crèche, le bœuf et l'âne, les bergers, les mages, tout cela semble porter en soi une grande douceur. Mais lorsque nous revenons à la lecture de l'évangile et que nous pénétrons à l'intérieur de l'Evénement lui-même, nous voyons qu'il porte également une grande souffrance. La souffrance de Marie qui s'en allait vers Bethléem, portant son enfant prêt à naître ; la désolation de ne pas trouver de logis pour lui et de devoir se réfugier dans une grotte froide et sombre ; l'inquiétude de mettre au monde son premier-né, le Sauveur du monde, dans une mangeoire d'animaux sans raison. Il nous faut, nous aussi, parcourir la ville avec elle à la recherche d'un abri, il nous faut ressentir l'angoisse qui grandit au fur et à mesure des refus, car cette angoisse est toujours celle de notre époque et de notre monde.
       Il y a ensuite la fureur d'Hérode et son désir de meurtre qui entraîne la fuite en Egypte. Cela ne devait pas être drôle de fuir en Egypte avec un nouveau-né, d'échapper à la poursuite des soldats d'Hérode et ensuite de passer plusieurs années en terre étrangère, hostile peut-être. Nous n'avons sur ce séjour aucune information historique, sauf des traditions populaires toujours vivantes au sein de l’Eglise copte. Ensuite il y a le retour au pays, non plus à Bethléem, mais à Nazareth, qui était la ville de Joseph. Et lorsqu' après des années passées dans le silence intérieur, dans l'obéissance à Marie et à Joseph, Jésus entre dans la vie publique, Il nous déclare que « le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête » (Mt 8, 20).
       Nous devons nous souvenir de cette vie humble, de cette humiliation, de cet abaissement extrême de Dieu, du Fils de Dieu devenu homme, devenu serviteur, devenu notre serviteur, depuis Sa naissance jusqu'à Sa mort. Le Fils de Dieu s'est fait serviteur, non seulement de Dieu, mais des hommes, de Ses disciples, Lui qui leur a lavé les pieds de Ses propres mains. Cet abaissement n'est pas une fiction, c'est une réalité et nous devons l'assumer dans l'Esprit Saint, le vivre à travers toutes les tentations de Jésus jusqu'au Calvaire, jusqu'à la mort, et quelle mort ! La mort sur la Croix. En ce jour de Noël, nous devons nous en souvenir, parce que la Nativité est tout orientée vers la Croix. Dans l'icône de cette fête, il y a la grotte sombre et noire - préfiguration du Tombeau - illuminée de l'intérieur par la présence de l'Enfant divin.
       La Nativité est orientée vers la Croix, et au-delà de la Croix, vers la Résurrection et le relèvement de l'homme. Car dans cet état d'abandon, cet abaissement, le plus manifeste, le plus évident, c'est l'amour. Il y a l'amour de Marie envers Jésus ; il y a l'amour de Jésus Lui-même qui a tout accepté; il y a l'amour de Dieu qui enveloppe ce grand moment de l'Incarnation du Verbe. Cet amour infini de Dieu, à lui seul, fait le contrepoids de toute la haine des hommes, de leur violence, de leur tristesse, et pis encore, de leur indifférence. Dieu est venu sur la terre par amour pour nous renouveler en déversant sur le monde les flots de Son amour divin.
       Aujourd'hui, vingt siècles plus tard, nous continuons, d'année en année, à commémorer la fête de la Nativité dans nos liturgies. Nous commémorons donc l'amour divin, car tout le mystère du salut se résume dans ce seul mot : amour. « Dieu est amour », nous a révélé saint Jean, dans sa première épître. Par conséquent, la substance même du mystère d'aujourd'hui, c'est l'amour et lorsque nous voulons entrer dans le mystère de la Nativité, nous devons commencer par entrer dans le mystère de cet amour. L'amour de Dieu est le rayonnement de l'image de Dieu. Or l'image de Dieu est inscrite profondément dans nos cœurs. Mais nos cœurs sont blindés, ils se protègent contre l'intérieur et contre l'extérieur. Contre l'intérieur en empêchant l'image de Dieu gravée en eux de rayonner ; contre l'extérieur en se fermant au prochain. C'est cette image de Dieu que le Seigneur est venu régénérer, renouveler, manifester en plénitude, en vérité et en perfection. Car la véritable image de Dieu, et la seule image de Dieu, c'est le Christ Lui-même, Fils de Dieu et Fils de l'homme, qui manifeste pleinement à la fois la divinité et l'humanité.
       Ainsi, lorsqu'à notre tour nous pénétrons dans cette grotte de Bethléem, lorsque nous nous tenons devant la crèche, nous devons laisser se dilater notre cœur, laisser se briser tous nos blindages, nos défenses, nos protections, pour être comme le Nouveau-né, tout à fait désarmé, tout à fait nu, sous la seule protection de l'amour et de la sainteté. Et quand notre cœur se libère ainsi de toute cette armure, qui cache son secret intérieur, à ce moment-là, nous devenons capables, nous aussi, de nous laisser embraser par le feu de l'amour divin. Cet amour nous pénètre et nous permet d'aimer les proches et les lointains, d'aimer sans limites et sans frontières. Car le cœur de chaque homme qui a découvert le secret de l'amour en Dieu, en Jésus Christ, né à Bethléem, devient un foyer d'amour divin au sein du monde.
       En ce jour, c'est donc l'amour divin qui nous est révélé, cet amour infini qui nous appelle, mais qui nous juge aussi. Il nous appelle à L'accueillir et à Le faire grandir dans nos cœurs. Il nous juge, parce que souvent nous Le refusons. Là pourtant est l'essentiel, là pourtant est le programme de notre vie entière. Car notre vie commence, elle aussi, aujourd'hui à Bethléem. Elle aussi est marquée, comme la vie de Jésus, par le chemin dela Croix, qui est l'acceptation profonde, totale et sans réserve, de la volonté aimante du Père. Ce chemin vers la Croix est le difficile chemin vers la perfection, la sanctification et la purification qui seules nous permettront d'entrer dans le mystère de la Résurrection

Père Boris


Psaume XLI, 3.

Cf. Cantique des Cantiques II, 8.

Cf. Cantique des Cantiques V, 2.

Bulletin de la Crypte N° 348 décembre 2006

Analyse d'audience

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