Éditorial de novembre 2006
Celui qui vient
Une nouvelle fois, l’Église nous convie à rassembler nos forces, à entrer en nous-mêmes pour nous préparer à la rencontre du Sauveur, le Verbe éternel et Fils de Dieu devenu homme pour notre salut. Ce temps de la quarantaine de l’Avent, ou Carême de la Nativité, résume en lui toute la marche de l’humanité, du peuple Élu, des rois mages de l’Orient, des bergers et des pauvres vers la venue incognito de Celui qui clôt l’attente et qui incarne l’espérance.
Attente, préparation, Avent, il n’y a pas là seulement une époque révolue de par l’accomplissement des promesses, mais une dimension permanente de la vie ecclésiale. Attente que le judaïsme a préservée au prix du rejet de Celui qu’il n’a pas reconnu. L’Église porte en elle jusqu’à la fin des temps la blessure d’Israël qui, dans sa foi la plus profonde et la plus pure, demeure descendance d’Abraham et pour lequel, en raison des promesses prophétiques, nous prions et espérons en la miséricorde de Dieu pour qu’en Jésus ils reconnaissent Celui qu’ils attendent, qui est déjà venu et qui vient, l’Époux d’Israël.
De fait, pour nous chrétiens aussi, Jésus est toujours Celui qui vient, Celui en qui l’avenir et le passé se rejoignent en un présent, ou aussi bien en une Présence sacramentelle et spirituelle, c’est à dire dans l’Esprit Saint et en Église.
Celui qui vient fait irruption dans notre existence, dans notre histoire, dans notre présent si fugitif, un présent quasi inexistant entre un passé révolu et un avenir inconnu et effrayant. Il vient toujours d’ailleurs, d’en haut en joignant le ciel et la terre, du plus intérieur de nous-mêmes où Il siège invisiblement et souvent enclos et prisonnier, enfoui sous nos décombres, nos scories, nos blindages, de l’au-delà de la mort et du tombeau, déposant ici et maintenant en nous les semences d’immortalité qui germent dans le terreau de nos corps mortels.
Celui qui vient, nous marchons à Sa rencontre pour L’accueillir, Le faire reposer dans la crèche de nos cœurs, comme en un palais royal, comme dans la chambre nuptiale. « Mon âme a soif du Dieu vivant. »
« La voix de mon Bien-Aimé ! Voici qu’il vient, bondissant sur les montagnes, sautant sur les collines. »
« Moi je dors, mais mon cœur veille. »
Père Boris
Bulletin de la Crypte N° 347 novembre 2006