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Contraints à l’intercession

J’aimerais consacrer cet éditorial à la Mère de Dieu et à sa place dans la vie et dans la prière de l’Église. En ce mois de novembre l’Église célèbre l’Entrée au Temple de la Mère de Dieu, encore une toute jeune enfant déjà marquée par l’élection divine. En réalité toute l’œuvre du salut accomplie par Jésus, Fils de Dieu devenu homme pour nous diviniser, toute cette œuvre de sauvetage de l’humanité déchue et égarée est pour ainsi dire enveloppée par le mystère de Marie, de celle qui par son « oui » à l’envoyé divin a rendu possible l’Incarnation. Cette dimension féminine et maternelle de la foi chrétienne est très chère à la tradition et à la sensibilité orthodoxes et atteint les zones les plus intimes et indicibles de l’être humain.

Pourtant, la vénération de Marie (et des saints d’ailleurs) constitue une pierre d’achoppement et de discorde avec nos frères protestants pour lesquels Dieu connaît suffisamment nos besoins, nos souffrances et nos demandes et n’a donc pas besoin d’intermédiaires ou de médiateurs pour entendre nos supplications et nous octroyer sa grâce. Il y a là un grand débat qu’il importe de prendre au séreux.

D’ailleurs la maternité de Marie (et des saints) manifeste ce que j’appellerais l’humanité de Dieu, sa tendresse et son humilité. Souvenons nous que lorsque le Christ ressuscité apparaît à ses disciples, Il leur montre les plaies de sa crucifixion. Ces plaies demeurent ainsi dans son humanité élevée à la Droite du Père, comme des rappels de son abaissement indicible et comme des trouées de lumière et de grâce.

Mais c’est aussi toute la tendresse maternelle de Marie envers son Enfant divin et la tendresse filiale du Ressuscité envers sa Mère qui demeurent pour toujours. Qui dit tendresse dit audace de la Mère et écoute bienveillante du Fils, ainsi que le chante l’Église  : « Beaucoup peut la prière de la Mère auprès du cœur du Maître ».

Nous pouvons élargir ce mystère de maternité et d‘intercession de Marie. Lorsque dans la destinée humaine s’opère ce transfert spirituel selon la parole de l’Apôtre où « désormais ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Gal.2,20), le croyant acquiert « les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus » (Phil.2,5) et hérite de son Esprit de tendresse, de compassion et de miséricorde. L’Esprit du Christ qui repose en lui le contraint à la supplication, à la prière, à l’audace de l’exigence filiale, car tel est le Fils, tels sont les fils.

Ainsi, à la suite de l’unique Grand Prêtre Jésus suit tout le Peuple ecclésial qui intercède pour le monde. Dans son humilité Dieu semble avoir besoin des hommes pour prodiguer sa consolation, sa paix, sa lumière, sa joie, son pardon. Le commandement divin d’amour du prochain nous rend solidaires et responsables les uns des autres, nous pousse vers les déshérités. Il nous permet et nous contraint même d’intercéder pour eux comme Moïse qui intercédait en se tenant debout pour arrêter la colère de Dieu envers le peuple infidèle, ou comme la Mère de Jésus qui Lui rappelait à un certain banquet de noces qu’« ils n’ont plus de vin ». Et Moïse et Marie trouvèrent grâce auprès de Dieu.

Retournant donc au mystère de Marie, nous discernons en elle le mystère de l’Église, c’est-à-dire de la communion des saints, des défunts et des vivants, tous tournés à la fois dans l’adoration, la louange et en même temps dans l’intercession, portant le monde entier dans la prière, et le recouvrant et le protégeant de son voile maternel.

Père Boris

Bulletin de la Crypte N° 337 novembre 2005

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