Lumière dans les ténèbres

Dans un monde ravagé par la violence des uns, par la mort et la souffrance de tant d’innocents, nous sommes appelés à témoigner de notre foi, c'est-à-dire du message d’amour et de vie de l’Evangile : « Et la Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne L’ont pas saisie. » (Jean 1,5).

Comment pouvons-nous être ces porteurs de lumière, ces ambassadeurs du Christ, dans un monde qui ignore Celui qu’il porte au plus profond de lui-même, ou plutôt de Celui qui tient le monde dans sa main puissante, de Celui qui l’a tant aimé ? Pour que jaillisse de notre cœur ce message d’espérance, encore fait-il se laisser embraser par le feu de l’Esprit Saint comme le buisson ardent dont Moïse fut le visionnaire, buisson qui brûlait sans se consumer.

Nous touchons au mystère de l’Esprit Saint, cette Personne mystérieuse qui n’a pas de nom, et qui se fond en nous au plus intime, au plus personnel et profond de notre être, sans dissoudre notre personnalité, mais en la construisant, la modelant à l’Image du Christ, cette Lumière véritable qui éclaire tout homme venant dans le monde. Avons-nous vraiment conscience d’être les porteurs de l’Esprit et que le même souffle divin qui remplit les apôtres à la Pentecôte continue à souffler dans l’Église et à dilater nos cœurs ?

Ce don de l’Esprit, nous devons le faire nôtre ; l’acquérir comme le trésor le plus précieux qui illumine notre propre vie. « Acquiers un Esprit de paix, aimait dire Saint Seraphin de Sarov, et des milliers trouveront le salut autour de toi. » Il s’agit bien de la paix dans et par l’Esprit qui est une force prodigieuse d’attraction et de rayonnement. La paix du cœur se fait voir et sentir par tous nos sens, au-delà même de toute parole et langage. Du cœur pacifié émane une harmonie et une joie, une certitude intérieure que nous sommes créés et mus par l’amour et que cet amour et plus fort que la mort.

En face des lourdeurs de notre vie chrétienne et ecclésiale, où nous avons quelquefois le sentiment de vivre dans une ère post-chrétienne, dans un christianisme vieillissant et fatigué, recroquevillé sur lui-même, craintif et à la défensive en face des assauts des force de ce monde, il est bon de se rappeler l’éternelle jeunesse de l’Evangile. « Ne crains pas, petit troupeau, car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume » (Luc 12, 32).

Ce royaume est proche. « Voici, dit le Seigneur dans l’Apocalyspe, je fais toutes choses nouvelles » (21, 5). Que celui qui entend dise : « Viens, viens Seigneur Jésus, viens vite ».

Père Boris

Bulletin de la Crypte N° 326 octobre 2004