Actes des Apôtres Chapitre IX versets 32 à 42
Jean Chrysostome explique ici un passage du livre des Actes des Apôtres Chapitre IX versets 32 à 42 :
Le verset 31 nous avait indiqué le contexte : Pierre visite l’Église de Judée. Dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie, l’Église jouissait alors de la paix. Elle grandissait dans la foi, vivait dans l’obéissance au Seigneur, et s’accroissait en nombre, grâce au soutien du Saint-Esprit.
Avez-vous bien compris comment la paix succède à la guerre, ou plutôt avez-vous bien compris le résultat de cette guerre ?
Elle a dispersé les auteurs de la paix.
Dans la Samarie, Simon fut couvert de honte ; dans la Judée, arriva l'histoire de Sapphire ; donc, quoique la paix régnât, il n'y avait pas lieu de se relâcher, c'était une paix qui avait besoin de consolation.
Verset 32 « Pierre, qui parcourait tout le pays, passa aussi chez ceux qui, à Lydda, appartenaient à Dieu. »
C'était comme un général qui passe la revue pour voir ce qui est bien aligné, ce qui est dans l'ordre, en quel lieu sa présence est nécessaire. Voyez-le courant de tous les côtés, et se trouvant partout le premier.
S'agit-il de choisir un apôtre ? il est le premier ; s'agit-il de répondre aux Juifs accusant les apôtres d'être ivres, s'agit-il de guérir un boiteux, s'agit-il de haranguer les peuples ? on le voit avant tous les autres.
Faut-il parler aux magistrats ? c'est lui qui se montre. Quand il faut punir Ananie, opérer des guérisons par son ombre, c'est toujours lui.
On le trouve partout où il y a du danger, et partout où il y a quelque chose à administrer. Quand les choses vont d'elles-mêmes, tous agissent en commun ; Pierre ne recherche pas de prérogatives d'honneur. Mais maintenant, quand il faut opérer un miracle, c'est lui qui s'élance ; et ici, c'est lui encore qui se, charge d'un travail, et qui fait un voyage.
Verset 33 « Il y trouva un homme du nom d’Énée qui n’avait pas quitté son lit depuis huit ans parce qu’il était paralysé. »
Verset 34 « — Énée, lui dit Pierre, Jésus-Christ te guérit, lève-toi et fais ton lit ! Il se leva aussitôt. »
Et pourquoi n'attendit-il pas que l'homme lui montrât sa foi ? pourquoi ne lui demanda-t-il pas s'il voulait être guéri ? Assurément c'est parce qu'il fallait produire un grand effet sur la foule, que ce miracle s'opéra. Aussi combien l'utilité en fut grande !
Écoutez ce que le texte ajoute :
Verset 35 « Tous ceux qui habitaient le village de Lydda et la plaine de Saron le virent et se convertirent au Seigneur. »Pierre a donc eu raison de parler ainsi. C'était un homme connu de tout le monde, et, pour prouver la vérité du miracle, l'apôtre lui ordonne d'emporter son grabat. En effet, les apôtres ne se bornaient pas à guérir ; mais, avec la santé, ils rendaient aussi la force. D'ailleurs, ils n'avaient pas encore donné de preuves de leur puissance ; il n'est pas étonnant que le paralytique ne fût pas tenu de croire, puisque le boiteux n'avait pas dû manifester sa foi. De même que le Christ, lorsqu'il commença d'opérer des miracles, n'exigeait pas la foi, de même firent les apôtres. À Jérusalem, on exigeait la foi ; de là vient qu'à cause de leur foi tous les malades étaient exposés dans les rues, afin que l'ombre de Pierre, venant à passer, s'étendît au moins sur quelqu'un d'entre eux. À Jérusalem, en effet, il y avait eu beaucoup de miracles ; mais c'était pour la première fois qu'on en voyait à Lydda. Parmi les miracles, les uns avaient pour but d'attirer les infidèles, les autres de consoler ceux qui partageaient la foi.
Versets 36 à 38 « A Jaffa vivait une femme, disciple du Seigneur, nommée Dorcas. Elle faisait beaucoup de bien autour d’elle et venait en aide aux pauvres.
À cette époque, elle tomba malade et mourut. Après avoir fait sa toilette funèbre, on la déposa dans la chambre, au premier étage de sa maison.
Or Jaffa est tout près de Lydda, et les disciples avaient appris que Pierre se trouvait là ; ils lui envoyèrent donc deux hommes pour l’inviter en lui disant : — Dépêche-toi de venir chez nous. »
Pourquoi les disciples attendirent-ils qu'elle mourût ? Pourquoi ne se pressèrent-ils pas d'importuner Pierre ?
C'est que, dans leur sagesse, ils regardaient comme inconvenant d'importuner les apôtres pour de telles choses, et de les arracher à la prédication. Et si le texte dit que Jaffa était près de Lydda, c'est pour montrer que, vu la proximité, les disciples demandaient ce qui pouvait se faire sans dérangement (cette femme faisait partie des disciples) ; et qu'ils n'y attachaient pas une extrême importance.
Verset 39 « Pierre les suivit aussitôt. »
Ils ne lui demandent rien, ils s'en rapportent à lui, pour la rendre à la vie, si c'est sa volonté ; et ainsi se trouve accomplie cette parole : « L'aumône délivre de la mort. » (Livre de Tob chapitre XII, verset 9)
Suite du verset 39 « A son arrivée, on le conduisit dans la chambre. Toutes les veuves l’accueillirent en pleurant et lui montrèrent les robes et autres vêtements que Dorcas avait confectionnés quand elle était encore des leurs. »
C'est dans la chambre où cette morte était exposée qu'ils conduisent Pierre, avec la pensée peut-être que ce spectacle serait pour lui une occasion de manifester la sagesse chrétienne. Voyez-vous tout ce que cette conduite dénote de progrès dans la sagesse ? Et le nom de cette femme n'est pas rappelé au hasard, il montre la conformité de son nom et de sa vie : une femme vigilante, alerte, comme une chèvre, Dorcas ; car il y a beaucoup de noms qui portent en eux-mêmes leur raison ; nous vous l'avons souvent dit.
« Elle faisait beaucoup de bien autour d’elle et venait en aide aux pauvres », dit le texte.
Grand éloge pour cette femme, d'avoir fait ses bonnes œuvres et ses aumônes, de manière à en être remplie. Or, il est manifeste qu'elle s'appliquait d'abord aux bonnes œuvres, ensuite aux aumônes, qu'elle faisait, dit le texte.
Grande humilité. Ce n'est pas ce qu'on voit chez nous ; tous alors attachaient une grande importance à l'aumône.
Alors verset 40 : « Pierre fit sortir tout le monde, se mit à genoux et pria. Puis, se tournant vers le corps, il dit :
— Dorcas, lève-toi !
Elle ouvrit les yeux, elle aperçut Pierre et elle s’assit. »
Pourquoi faire sortir tout le monde ? pour éviter l'émotion, le trouble causé par les larmes.
Verset 41 : « Celui-ci lui donna la main et l’aida à se lever ; puis il rappela les croyants et les veuves et la leur présenta vivante. »
Ici, le texte montre successivement la vie, ensuite la force communiquée, l'une par la parole, l'autre par la main. « Il la leur présenta vivante. »
C'était, pour les uns, une consolation ; ils revoyaient leur soeur ; ils contemplaient un miracle ; pour les veuves, c'était une protection qu'elles retrouvaient.
Verset 42 : « La nouvelle eut vite fait le tour de la ville et beaucoup crurent au Seigneur. »
Voyez la modestie et la douceur de Pierre : il ne reste pas auprès de cette femme, auprès de quelqu'autre personnage marquant, mais chez un corroyeur ; par tous les moyens, il enseigne l'humilité. Il ne veut pas que les humbles rougissent, que les grands s'élèvent. S'il fit son voyage, c'est qu'il pensait que les fidèles avaient besoin de sa doctrine.
Puis le verset 43 nous dit : « Pierre resta quelque temps encore à Jaffa ; il logeait chez un tanneur nommé Simon .»
Il cherchait à se joindre aux disciples. Il ne les aborde pas effrontément, mais avec humilité.
L'Ecriture ici donne le nom de disciple même à ceux qui ne faisaient pas partie des douze ; c'est que tous méritaient alors ce nom de disciples, par l'excellence de leurs vertus. Leur vie était conforme à un modèle illustre.
L'Église, dit le texte, était en paix, et elle s'établissait, marchant dans la crainte du Seigneur, et elle était remplie de la consolation du Saint-Esprit, c'est-à-dire, elle croissait, elle portait la paix dans son sein, la véritable paix ; et il était bon qu'il en fût ainsi, car la guerre extérieure lui avait fait beaucoup de mal.
L'Esprit-Saint les consolait, et par les prodiges, et par les oeuvres. En outre, il résidait dans chacun des apôtres en particulier.
« Pierre, qui parcourait tout le pays, passa aussi chez ceux qui, à Lydda, appartenaient à Dieu. Il y trouva un homme du nom d’Énée qui n’avait pas quitté son lit depuis huit ans parce qu’il était paralysé. — Énée, lui dit Pierre, Jésus-Christ te guérit, lève-toi et fais ton lit ! »
Parole, non d'ostentation, mais de confiance.
Quant à moi, je suis tout à fait porté à croire que le malade a ajouté foi à la parole, et que c'est là ce qui l'a guéri.
Que le miracle ait été fait sans ostentation, c'est ce qui résulte de ce qui suit. En effet, Pierre ne dit pas : Au nom de Jésus-Christ, mais il semble annoncer un miracle plutôt que l'opérer.
« Tous ceux qui habitaient le village de Lydda et la plaine de Saron le virent et se convertirent au Seigneur. »
On a donc quelque raison de dire que les miracles avaient pour but à la fois la persuasion et la consolation.
Notes