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Atelier sur les Eglises orthodoxes orientales (préchalcédoniennes) au Congrès de la Fraternité Orthodoxe à Blankenberge (Belgique), octobre 2005
par Christine Chaillot
Les Chrétiens Orthodoxes orientaux sont de plus en plus nombreux en Europe occidentale.
En juillet 2004 les Syriaques ont consacré leur église à Montfermeil au nord-est de Paris, en présence de leur Patriarche Ignace Zakka venu pour la circonstance de Damas. Cette communauté est particulièrement nombreuse en Allemagne, en Suède et aux Pays Bas ; elle est aussi présente ailleurs en Europe, y compris en Belgique.
Toujours en juillet 2004, à Genève, le Patriarche Shenouda III a consacré l’église copte. Il y a quatre paroisses coptes à Paris et un certain nombre à Londres. Les Coptes ont des paroisses dans la plupart des pays d’Europe occidentale.
Les Ethiopiens ont des paroisses à Londres, Paris, Bruxelles, en Allemagne, aux Pays Bas, en Italie et en Suède. Ils ont consacré une chapelle à Genève en 2005.
Quant aux Arméniens, ils sont installés depuis longtemps en Europe ; une grande migration a eu lieu à la suite de leur génocide en 1915.
Le Dialogue théologique entre les Orthodoxes chalcédoniens et non-chalcédoniens a débuté en 1964 ; il s’est officialisé en 1985 et des rencontres ont eu lieu jusqu’en 1993. La dernière rencontre, en mars 2005, à Chambésy (Genève) n’a regroupé que des Orthodoxes chalcédoniens pour étudier la marche à suivre de ce dialogue officiel pour l’avenir.
De leur côté le Patriarcat de Moscou a développé des dialogues bi-latéraux avec l’Eglise d’Arménie d’une part et, d’autre part, avec les Eglises orthodoxes orientales du Moyen Orient : copte, arménienne et syriaque.
Il faut signaler que certains Orthodoxes oeuvrent pour faire grandir ce dialogue.
En Suède, une association nationale pour l’éducation, ‘Bilda’, fondée en 2001, a un département d’éducation orthodoxe (le Département des Etudes et de la Culture Orthodoxe), dont le coordinateur est Michael Ellnemyr, un Suédois orthodoxe. Le département organise des sessions d’études orthodoxes et il soutient le travail éducationnel, théologique et spirituel des paroisses orthodoxes et orthodoxes orientales. Il organise des pèlerinages en Terre Sainte. En 2005 il a organisé un symposium international sur la christologie en rapport avec le schisme qui suivit le Concile de Chalcédoine en 451, avec la perspective de trouver des réponses.
Toujours en Suède fut créé au niveau national, en 1970, le Conseil oecuménique des Eglises orthodoxes et orthodoxes orientales (OÖKER), qui regroupe la majorité des Eglises orthodoxes et des Eglises orthodoxes orientales. Si l’une des tâches principales consiste à distribuer des subventions de l’état suédois, ce Conseil aide également les immigrants orthodoxes à s’intégrer à la vie suédoise. Il organise aussi chaque année quelques rencontres entre les Orthodoxes et Orthodoxes orientaux.Là où il n’y a pas de paroisse de tradition orientale orthodoxe, les fidèles deviennent souvent paroissiens dans des églises orthodoxes; c’est le cas en particulier en Finlande dans la paroisse internationale de Saint Isaac de Ninive. Les contacts entre les deux familles d’Eglises sont proches aussi dans d’autres pays, par exemple en Autriche.
Pour faire connaître ce dialogue à un large public j’ai commencé à écrire des livres sur la vie et la spiritualité des Orthodoxes orientaux (Rôle des Images et Vénération des Icônes dans les Eglises Orthodoxes Orientales, Genève, 1993 (épuisé) ; The Malankara Orthodox Church, Genève, 1996 (épuisé); The Syrian Orthodox Church of Antioch, Genève, 1998 (traduction en arabe en 2004); Towards Unity: The Theological Dialogue Between the Orthodox Church and the Oriental Orthodox Churches (compilation des textes du Dialogue théologique depuis 1964 avec articles supplémentaires), Genève, 1998 (traduction en russe en 2001) ; The Ethiopian Orthodox Tewahedo Church Tradition, Paris, 2002 (traduction en arabe en 2005); The Coptic Orthodox Church, Paris, 2005).
Je viens d’achever un livre intitulé Histoire de l’Eglise orthodoxe en Europe occidentale au 20e siècle dans lequel j’ai rassemblé des articles avec présentation dans 15 pays. Cela permettra, je l’espère, à aider les Orthodoxes Orientaux, ainsi que d’autres personnes chrétiennes ou non, à mieux connaître les Orthodoxes en général. Une publication en anglais est en préparation. J’espère qu’il y aura à l’avenir des traductions de mes livres en plusieurs langues.Atelier sur les Eglises non-chalcédoniennes ou orthodoxes orientales
Résumé par Christine Chaillot
Le Dialogue théologique entre les Eglises orthodoxes chalcédoniennes et non-chalcédoniennes (copte, éthiopienne, arménienne et syriaque), dont le nom officiel de nos jours est ‘orthodoxes orientales’, a débuté en 1964 ; il s’est officialisé en 1985 et des réunions ont eu lieu jusqu’en 1993. La dernière rencontre, en mars 2005, à Chambésy (Genève) n’a regroupé que des Orthodoxes chalcédoniens pour étudier la marche à suivre de ce dialogue officiel pour l’avenir.
Parallèlement le Patriarcat de Moscou a développé des dialogues bi-latéraux avec l’Eglise d’Arménie d’une part et, d’autre part, avec les Eglises orthodoxes orientales du Moyen Orient (copte, arménienne et syriaque).
Les Chrétiens orthodoxes orientaux sont de plus en plus nombreux en Europe occidentale où ils ont des paroisses dans la plupart des pays. Là où il n’y a pas de paroisse de tradition orientale orthodoxe, les fidèles deviennent la plupart du temps paroissiens dans des églises orthodoxes. Officiellement il n’y a pas d’intercommunion, bien que cela se pratique dans de nombreuses paroisses en occident.Parmi les différentes questions soulevées pendant l’atelier, relevons les suivantes, très actuelles.
Pourquoi, après tant d’années de dialogue théologique, les Eglises orthodoxes chalcédoniennes et non-chalcédoniennes ne sont-elles pas encore unies ? Les délégués de chaque Patriarcat ont transmis les documents discutés à leurs Saints Synodes respectifs qui devaient les accepter ou y ajouter des commentaires, ce qui a été fait ou pas. Cette ‘léthargie’ s’explique par différents blocages aux niveaux théologique, canonique, liturgique et même historique et sociologique, voire psychologique.Deux jeunes enseignants de religion orthodoxe dans les écoles belges comptent parmi leurs élèves des Orthodoxes orientaux (surtout Syriaques) et ils se préoccupent d’avoir une information sur ces Eglises afin d’intégrer cette connaissance dans leur activité pédagogique. A ce sujet je me permets de mentionner mes six livres sur la vie et la spiritualité des Eglises orthodoxes orientales publiés depuis 1993 et dont des traductions en différentes langues sont en cours. D’autre part l’Association ‘Dialogue entre Orthodoxes’ que j’ai créée en 2000 à Paris (et acceptée en 2001 comme membre de la Fraternité Orthodoxe en Europe occidentale) a pour but de favoriser la progression de ce dialogue aux niveaux pratique et spirituel en organisant des conférences, des concerts et des pèlerinages.
Finalement, un élément important pour ce dialogue est le fait que nombre de laïcs, clergé et évêques bien informés, ainsi que des Patriarches et des Catholicos des Eglises orthodoxes orientales m’ont dit que leurs Eglises ne sont pas monophysites et qu’ils refusent cette appellation. Il faut espérer que ces paroles soient expliquées et imprimées dans des articles, ou, mieux encore, dans des communiqués officiels ; cela permettrait sans doute un grand pas en avant pour le dialogue des Orthodoxes chalcédoniens avec les Eglises orthodoxes orientales.
Signalons que dans le communiqué de l'Assemblée des Evêques Orthodoxes de France (AEOF) réunie le 27 octobre 2005, l’Assemblée envisage de faire une célébration annuelle d’un office de vêpres avec les Eglises dites pré-chalcédoniennes.