Rapport des activités de l’Association Dialogue entre Chrétiens orthodoxes et orthodoxes orientaux pour 2002
par Christine Chaillot, fondatrice et secrétaire
Le 9 janvier 2002 je suis arrivée en Ethiopie où j’ai séjourné un mois pour terminer mes interviews et vérifier certaines choses que j’avais écrites pour la publication de mon prochain livre sur l’Eglise orthodoxe d’Ethiopie. A mon retour j’ai travaillé sans relâche, ce qui m’a permis de terminer fin juillet mon cinquième livre intitulé The Ethiopian Orthodox Tewahedo Church Tradition, imprimé en août. Le livre a été préfacé par le Métropolite grec orthodoxe résidant à Addis Abeba, Monseigneur Petros. On y trouve également deux lettres de bénédiction: l’une du Patriarche Petros du Patriarcat grec orthodoxe d’Alexandrie; et l’autre du Patriarche Bartholomée de Constantinople qui avait fait un voyage officiel en Ethiopie en 1995, et qui relève mon ‘travail systématique et de longue haleine pour le développement du Dialogue entre notre Eglise [orthodoxe] et les Chrétiens orthodoxes [orientaux]’.
Le 14 février un Centre de Recherche et d’Information a été inauguré au Collège de Théologie de la Sainte Trinité de l’Eglise orthodoxe éthiopienne à Addis Abeba: l’Association a offert un ordinateur, avec imprimante et scanner pour encourager les étudiants et professeurs dans cette nouvelle activité importante dont l’un des buts est de faire connaître l’extraordinaire tradition de l’Eglise orthodoxe d’Ethiopie.
Le 22 février 2002 j’ai été invitée par Serge Model à parler à Bruxelles des Eglises Orthodoxes Orientales: Vie et Spiritualité, dans la paroisse de la Sainte Trinité, 26 rue Paul Spaak. Afin que le public soit ‘actif participant’ autant que possible, j’ai décidé de faire une courte conférence (environ une demi-heure), suivie par des nombreuses questions posées par des Orthodoxes aux Orthodoxes Orientaux présents (Coptes, Syriaques et Arméniens) qui nous ont ensuite chanté quelques hymnes de leurs traditions dans la chapelle. Cette formule a paru plaire à tout le monde, y compris à Monseigneur Gabriel (De Vilder) qui a eu la gentillesse de venir des Pays Bas. La conférence a été publiée par le Bulletin de la Fraternité Orthodoxe en Belgique, Diakonia (no 36, 2002).
Le 8 mai j’ai eu le plaisir de donner une conférence en anglais intitulée ‘The Life and Spirituality of the Oriental Orthodox Churches’ (Armenian, Coptic, Ethiopian, and Syrian Orthodox) dans la paroisse de l’Annonciation (Patriarcat de Constantinople), à Dublin (Irlande), 46 Arbour Hill, dirigée par le Père Craciun. Etaient présents le recteur de la paroisse russe de Moscou, le prêtre copte, un prêtre syriaque orthodoxe, des diacres éthiopiens et coptes, des dames arméniennes, des fidèles de différentes paroisses: tous m’ont demandé quand je reviendrai pour faire une autre réunion.
Le 14 mai au soir j’ai répété la même conférence en la Cathédrale Saint Georges du Patriarcat d’Antioche à Londres, sur l’aimable invitation de son recteur le Père Samir Gholam. Le public incluait de nombreuses communautés orthodoxes et orthodoxes orientales locales, et les quatre évêques présents (arméniens et coptes) ont encouragé dans leurs discours ce genre de rencontres. Comme à Bruxelles et à Dublin, la conférence fut suivie par des questions intéressantes posées aux Orthodoxes orientaux présents, qui ont ensuite interprété quelques chants liturgiques afin que l’on découvre leurs particularités de langues et de musiques. Là aussi les personnes ont souhaité que l’on organise à l’avenir d’autres réunions ou séminaires sur des thèmes donnés, comme la spiritualité, la vie monastique, la liturgie, afin d’étudier ainsi nos similitudes entre Orthodoxes et Orthodoxes orientaux.
Cette conférence en anglais a été publiée par Orthodox Outlook, magazine orthodoxe en Angleterre (no 100, nov-déc. 2002, p. 21-27).Le 30 juin j’ai assisté au premier pèlerinage (avec liturgie, vénération et procession des reliques) organisé par Mère Anne au Monastère de Saint Grégoire (Saint Martin le Solitaire, 4300 Bondaroy), du Patriarcat de Roumanie, pour la fête d’un saint d’origine arménienne, Saint Grégoire, qui vécut et mourut (+917), dans ce lieu, à Pétiviers. Ce pèlerinage sera célébré chaque année.
Le 16 août j’ai parlé à nouveau des Eglises orthodoxes orientales au Centre Orthodoxe de Bialystok en Pologne.
Le 29 octobre 2002 je donne une conférence à l’UNESCO, dans le cadre de l’année UNESCO des patrimoine tangible et intangible, intitulée : Quelques Notes sur le Patrimoine chrétien intangible de l’Ethiopie chrétienne: l’éducation traditionnelle. L’Education traditionnelle est considérée comme un patrimoine intangible. Participaient à cette soirée sur le Patrimoine éthiopien organisée par notre Association : l’ambassadeur d’Ethiopie en France, Madame Sahle-Work Zewde ; le Professeur Claude Lepage (EPHE, Sorbonne) qui montre des diapositives d’anciennes églises en expliquant l’urgence de leur restauration, ainsi que l’ambassadeur de Suisse à l’UNESCO ; Monsieur Denis Feldmeyer, qui rappelle que le gouvernement suisse a financé la restauration de l’église rupestre d’Addadi Maryam au sud d’Addis Abeba.
Du 1er au 3 novembre, lors du XIe Congrès orthodoxe organisé par la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale à Saint-Laurent-sur-Sèvres (France), j’ai pu afficher des photos permettant de faire connaître l’Association et les Orthodoxes orientaux, et j’ai participé avec Monseigneur Séraphin (Patriarcat de Roumanie, responsable de l’Allemagne, l’Europe Centrale et du Nord) et Philippe Sukyasian, (diacre à l’Eglise arménienne à Lyon), à un atelier qui a permis de mieux faire connaître la vie et la spiritualité de ces communautés, ainsi que le Dialogue théologique entre nos deux Familles d’Eglises.
Le 16 novembre, lors de sa première rencontre annuelle, l’Association a organisé une réunion à l’Institut Saint Serge, 91 rue de Crimée à Paris, durant laquelle les Orthodoxes Orientaux de Paris ont pu présenter l’histoire, la spiritualité, et la réalité de leurs communautés dans leurs pays d’origine ainsi qu’en France et en Europe. Le programme fur introduit par le Père Boris Bobrinskoy.
Du 20 au 30 novembre, j’ai organisé un pèlerinage en Egypte à la rencontre des Coptes (Vieux Caire, Patriarcat, monastères coptes at au Sinaiï auquel ont participé des Orthodoxes de France et de Belgique (compte-rendu de ce premier pèlerinage dans Bulletin de la Crypte no 321, mars 2004, par Jacques Verrier).
Après un mois en Egypte, je pars en Ethiopie pour présenter mon nouveau livre sur l’Eglise d’Ethiopie (au Patriarcat, au Collège de Théologie, à l’Université d’Addis Abeba, au Musée National, à la Bibliothèque Nationale ; aux ministres de la culture, de l’information et de l’éducation ; et sur deux chaînes de radio et à la télévision nationales).
Texte pour 2002
Texte du Père Boris Bobrisnkoy lu à la réunion de l’Association “Dialogue entre Orthodoxes” à l’Institut Saint Serge, 93 rue de Crimée, à Paris, le 16 novembre 2002
Mes chers frères et soeurs en Christ,
Au nom de notre Association “Dialogue entre Orthodoxes” dont je suis le Président, je suis extrêmement heureux et honoré de vous accueillir aujourd'hui pour cette réunion au cours de laquelle nous aurons le plaisir d'entendre les différentes communautés orthodoxes orientales de Paris nous donner une introduction à l'histoire et à la vie de leurs Eglises dans leurs pays d'origine et en Europe Occidentale. Le but principal de l'association est de promouvoir le dialogue pratique et le rapprochement de nos différentes Eglises en nous efforçant de mieux connaître nos traditions mutuelles au niveau ecclésiastique et surtout spirituel. Malheureusement des siècles d'éloignement, de malentendus et de conflits ont fait qu'un fossé s'est creusé: il est important, plus que jamais, de le combler aujourd'hui. Au niveau théologique nous sommes très proches, comme l'ont démontré les théologiens représentant nos Eglises lors des réunions de Dialogue qui ont eu lieu depuis 1964, et de manière officielle dès 1985. Les textes de conclusion de ces théologiens ont affirmé que nos deux Familles d'Eglises croient vraiment que le Christ est Un, vrai Dieu et vrai Homme, sans séparation et sans mélange.
Il est temps de promouvoir un approfondissement du travail de nos théologiens respectifs pour en arriver à une vision et à une vie commune du Mystère du Christ et de Son Eglise. Il est important, je dirais même nécessaire, que nos évêques, nos clergés et nos fidèles prennent connaissance de l'importance et des résultats de ce Dialogue théologique dont la totalité a été publié en anglais par Christine Chaillot dans Towards Unity (Genève, 1998).
Au niveau spirituel nous sommes profondément unis dans la grande tradition de l'Eglise ancienne, de nos Pères fondateurs des trois premiers Conciles oecuméniques, et de nos grands Pères spirituels, dont l'essentiel de la vie consistait à louer Dieu.
Nous n'oublions pas que c'est en Egypte que la noble tradition monastique a commencé avec Saint Antoine, Saint Pachôme et tant d'autres qui sont devenus des modèles de sainteté dans toutes nos traditions d'Eglises. Cette grande tradition monastique continue jusqu'à nos jours dans les monastères coptes en Egypte et ailleurs. Dans la tradition syriaque, Saint Ephrem et Saint Isaac le Syrien sont des phares de cette spiritualité syriaque : ils ont été et sont encore très aimés et lus dans nos milieux orthodoxes, en particulier monastiques. Quant aux Ethiopiens nous les connaissons moins bien, mais nous serons heureux, par ce genre de rencontres, de découvrir cette riche tradition spirituelle et ses spécificités. A ce sujet nous saluons la sortie du livre de Christine Chaillot sur la vie et la spiritualité de l'Eglise d'Ethiopie, qui nous donne de nombreuses informations sur son passé et son présent. Cette tradition d'Eglise a passé par un processus d'inculturation très intéressant; c'est un des nombreux sujets que nous pourrions étudier ensemble à l'avenir. Nous sommes également en profonde relation spirituelle avec l'Eglise arménienne et nous connaissons quelques uns de leurs grands théologiens et figures spirituelles. J'ai moi-même lu récemment avec un très grand profit Le Livre de Prières de Grégoire de Narek, et je voudrais dire combien cette lecture m'a inspiré et soutenu spirituellement. C'est un Catholicos arménien, Nerses dit 'Le Gracieux' qui a failli conclure une union avec l'Eglise byzantine de Constantinople au 12e siècle.
Le genre de réunion à laquelle nous participons aujourd'hui met d'ailleurs en pratique ce qui a été souhaité par écrit plusieurs fois par les théologiens qui représentaient nos Eglises respectives lors des dialogues bi-latéraux: dans les recommandations sur les issues pastorales il est fait mention de préparation des uns et des autres dans chaque Famille d'Eglises, en conseillant, par exemple, de faire des échanges de visites de nos communautés et dans nos églises (Recommandations, Chambésy, septembre 1990, Towards Unity, p. 65). Ce type de dialogue spirituel et pratique que nous vivons aujourd'hui ensemble est un exemple et un encouragement.
Je pense que pour pouvoir vraiment se développer, le Dialogue théologique a besoin d'une base spirituelle et de la préparation de son clergé et de ses fidèles ainsi que de cette participation active de son clergé et de ses fidèles. Il est donc important de développer nos contacts et nos rencontres pour mieux nous connaître et pour vraiment faire avancer la cause de l'Unité, ce qui me paraît essentiel si nous voulons rester fidèles à la Parole du Christ qui priait pour que nous soyons 'tous un' en Son Nom.
Mais il faut avant tout découvrir nos richesses mutuelles: l'Orient chrétien n'est pas un bloc uniforme; on y trouve un arc-en-ciel de traditions vénérables, de langues et de chants liturgiques. Toutes ces traditions vénérables ont leur place au soleil de l'Orthodoxie. Je vous accueille avec joie pour notre rencontre qui, j'en suis sûr, sera fructueuse, et que nous espérons à l'avenir ré-organiser selon des thèmes spécifiques (spiritualité, vie monastique, vie liturgique, etc).