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LES EGLISES ORTHODOXES ORIENTALES: VIE ET SPIRITUALITÉ
Conférence donnée dans la Paroisse orthodoxe de la Sainte Trinité, 26 Rue Paul Spaak à Bruxelles, le 22 février 2002 à 20 heures et publiée dans Diakonia, Bruxelles, no 36 (2002)
par Christine Chaillot, fondatrice et secrétaire
Ce soir nous sommes dans une paroisse orthodoxe à Bruxelles, en compagnie d’Orthodoxes qu’on appelle ‘Orientaux’: les Syriaques Orthodoxes, les Arméniens, les Coptes et les Ethiopiens. Nous allons essayer de mieux nous connaître, et surtout de mieux connaître les différentes histoires des Eglises Orthodoxes Orientales et leurs caractéristiques spirituelles, que ce soit au niveau monastique, liturgique et autre. Ce sont d’ailleurs les buts pratiques et principaux de l’Association ‘Dialogue Inter Orthodoxe’ que j’ai fondée à Paris en 2000. Pour comprendre tout cela sérieusement il faut bien sûr faire des études approfondies, ou au moins quelques lectures. Pour inviter à la lecture ceux que cela intéresse je donnerai quelques titres de livres au cours de ma conférence.
La soirée se déroulera de la manière suivante. Tout d’abord j’essaierai de vous donner un aperçu de la vie et de la spiritualité des Eglises Orthodoxes Orientales. Puis vous pourrez poser directement des questions à nos amis coptes, éthiopiens, arméniens et syriaques présents ce soir avec nous. Finalement ces derniers nous interpréteront quelques chants liturgiques de leurs traditions/Eglises.
Géographie et Histoire succintes des Eglises Orthodoxes Orientales
Nous savons que c’est à Antioche que le nom de Chrétiens fut utilisé pour la première fois (Actes 11:26). C’est aussi au Patriarcat d’Antioche que furent rattachés les Chrétiens syriaques orthodoxes, de langue syriaque, langue sémitique proche de l’araméen que parlait le Christ. En fait, de la Palestine au sud, jusqu’au nord de la Syrie et de l’Iraq actuels, (y compris le sud-est de la Turquie actuelle), la majorité des Chrétiens de la région parlaient et priaient en syriaque. Le grec était la langue commerciale et intellectuelle utilisée dans les grandes villes côtières, et là aussi dans les églises. Suite à la division du Concile de Chalcédoine (451), les Syriaques ont dû établir leur Patriarcat en différents endroits de la Syrie et Turquie modernes, en particulier au Monastère de Deir Zafaran (près de l’actuel Mardin) entre 1293 et 1923. Puis, après avoir subi le génocide en même temps que les Arméniens au début du 20e siècle, un tiers des Syriaques furent massacrés, et il fut décidé que le Patriarcat serait déplacé en Syrie, à l’époque sous mandat français. Le siège fut d’abord à Homs puis, depuis 1959, à Damas, capitale de la Syrie. Le Patriarche actuel est Mar Ignace Zakka I Iwas, originaire de Mossoul en Irak où se trouvent encore des fidèles de rite syriaque, tout comme dans le sud de l’Inde, au Kerala, où environ un million de fidèles syriaques orthodoxes sont rattachés au Patriarcat situé à Damas, et un autre million qui a établi depuis le début du 20e siècle un Catholicosat indépendant ayant son siège à Kottayam, et dont le Catholicos actuel est Mar Thomas Matthew II.
Au nord de la Syrie s’organisa le plus ancien royaume chrétien, celui d’Arménie, pays qui a célébré avec faste en 2001 ses 1700 ans de Christianisme. Leur premier évêque, Grégoire, fut consacré en Cappadoce: on l’appela l’Illuminateur car il avait apporté la Lumière du Christianisme. La difficulté pour les Arméniens consistait à se trouver entre deux puissants voisins: les Perses et les Byzantins. A cause des aléas de l’Histoire, les Arméniens furent également obligés de déplacer le siège de leur primat (ou Catholicos) à plusieurs reprises, en particulier à Ani (11e siècle), aujourd’hui à la frontière ouest de l’Arménie, en Turquie. Lorsque le Catholicosat fut à nouveau organisé à Etchmiadzine, en Arménie, celui d’Ani continua à assumer des fonctions parallèles, et ceci jusqu’à aujourd’hui: le siège a été installé à Antélias, au nord de Beyrouth au Liban, à la suite du génocide déjà cité et au cours duquel environ un million et demi d’Arméniens disparurent (anniversaire célébré chaque année le 24 avril). Lorsque l’Empire Ottoman devint la puissance principale de la Méditerranée orientale, un Patriarcat arménien fut organisé à Constantinople (aujourd’hui Istanbul) dès la fin du 15e siècle. Il existe un autre Patriarcat arménien à Jérusalem. Au début du 17e siècle, le Shah Abbas Ier fit transférer la communauté arménienne de Joulfa (au bord de la rivière Araxe, aujourd’hui en Azerbaijan, à la frontière iranienne) dans sa capitale à Ispahan (aujourd’hui en Iran), où se trouvent de magnifiques églises et encore une communauté arménienne, quoique diminuée.
Le Catholicos de tous les Arméniens siège en Arménie et se nomme Karékine II.Au sud de la Palestine biblique, la Sainte Famille alla se réfugier en Egypte. C’est à Alexandrie, alors grande capitale commerciale et intellectuelle, que Saint Marc l’Evangéliste fit la fondation de l’Eglise locale. Le Christianisme se propagea le long du Nil jusqu’en Nubie (actuel Soudan). A la suite du Concile de Chalcédoine en 451, l’Eglise se sépara, à Alexandrie comme à Antioche, en deux Patriarcats: celui des Byzantins, appelé ‘grec orthodoxe’, et celui des Coptes autochtones (et des Syriaques à Antioche). Rappelons que le mot ‘copte’ signifie ‘égyptien’.
Le siège du Patriarcat copte orthodoxe se trouve aujourd’hui au Caire, avec à sa tête le Patriarche Shenouda III.Au nord-est de l’Afrique se développa dès le 4e siècle un royaume chrétien à Axoum, ville située aujourd’hui au nord de l’Ethiopie. Le début du Christianisme historique en Ethiopie débuta avec l’arrivée de deux Chrétiens venant de Tyr (actuel Liban, ancienne Syrie romaine): leur bateau échoua sur la côte de la Mer Rouge et ils furent amenés à la cour. L’un d’eux fut plus tard consacré par le Patriarche d’Alexandrie, le célèbre Athanase, (qui fut envoyé en exil plusieurs fois, dont une fois à Trèves, aujourd’hui en Allemagne, pas très loin de la Belgique), puis revint en Ethiopie et fut son premier évêque. Le Patriarche actuel d’Ethiopie se nomme Paulos. L’Eglise d’Ethiopie resta rattachée à l’Eglise copte jusqu’en 1959, date à laquelle elle devint autocéphale.
A la suite de l’indépendance de l’Erythrée en 1991 un Patriarcat autocéphale a été instauré dans ce pays depuis 1998 : cette Eglise est de mêmes rite et dogmes que les Ethiopiens, avec à sa tête le Patriarche Philipos.Ces histoires montrent comment le Christianisme s’est propagé dès ses origines à tous les points cardinaux, de manière spécifique, en suivant les langues locales, en créant des textes liturgiques, patristiques, ascétiques et autres, et toujours, comme on le dit aujourd’hui, d’une manière ‘inculturée’, c’est-à-dire en respectant la culture de chaque Eglise locale. Nous verrons aussi que certains moines voyageaient pour s’enrichir spirituellement.
Spiritualité
Dans la tradition syriaque une sorte de ‘proto-monachisme’ fut organisé au 4e siècle avec des petites communautés ascétiques, en Syrie et au nord de la Mésopotamie (entre les fleuves Tigre et Euphrate), et dont parle Saint Ephrem et Aphrahat. Le particularisme ascétique des Syriaques fut celui suivi par des moines dits ‘stylites’, du grec stylos, la colonne, car ils vivaient perchés sur des colonnes élevées. Le plus célèbre d’entre eux fut Siméon le Stylite au 5e siècle : on voit des restes de sa colonne au nord d’Alep. Ce saint fait aussi partie de la tradition byzantine. Dans son Histoire Religieuse ou Histoire des Moines de Syrie, Théodoret de Cyr raconte l’histoire du monachisme dans cette région avant Siméon. Après lui Jean d’Ephèse (+589) décrit dans son livre Vies de Saints Orientaux la vie de cinquante huit ascètes de Mésopotamie et Syrie qu’il a rencontrés, dont certains ont vécu en Egypte ou à Constantinople. Au 7e siècle Théodote d’Amida visita Jérusalem, le Sinaï et l’Egypte et écrivit sa Vie qui est une autre source de renseignement sur le monachisme de l’époque. En Egypte, au Wadi Natroun situé entre le Caire et Alexandrie, se trouve le Monastère dit des Syriens où des moines syriaques résidèrent du 8e au 17e siècles.
De nos jours il ne reste plus qu’une dizaine de monastères de tradition syriaque orthodoxe où vivent quelques dizaines de moines et moniales dans le sud-est de la Turquie; ainsi que le célèbre monastère de Mar Matta, près de Mossoul en Irak, appelé ‘Mont des Milliers’ à cause du nombre élevé de moines qui y prièrent entre le 4e et le 8e siècle. Mais l’on sait qu’il y avait là plus de 80 monastères au Moyen-Age.Le Patriarche Ephrem Barsom en fait la liste de 83 dans son livre Histoire des Sciences et Littérature Syriaques (en arabe, pas traduit). Les Pères, moines et intellectuels, laissèrent de nombreux écrits ascétiques, spirituels, ainsi que des prières. Parmi les plus connus citons Jacques de Sarough (+521) et Bar Hebraeus (+ 1286).En Arménie, (comme ailleurs pour les anciennes Eglises), toute l’histoire, la culture et la spiritualité de l’Eglise arménienne se concentrent dans les monastères dont les suivants ont été de grands centres culturels. Au nord: Sanahin fondé au 10e siècle; Haghpat, où est enterré le célèbre poète Sayat Nova; Gochavank l’un des principaux centres culturels au 13e siècle, où, bien que la plupart des livres de la grande bibliothèque fussent brûlés par les Mongols, il y eut une renaissance du 17e au 19e siècles.
Au sud: de la grande école de Gladzor, célèbre à la fin du 13e et jusqu’au milieu du 14e siècle, il ne reste que quelques ruines et l’église; le Monastère de Tatev (9-11e siècles) fut le centre spirituel du royaume de Siounie et un lieu de pèlerinage: pillé par les Seldjoukides au 12e siècle, puis par les troupes de Tamerlan, il eut un renouveau aux 17-18e siècles. Le monastère sera très abîmé par le séisme de 1931.
Parmi les célèbres Arméniens il faut citer les noms de Jean d’Odzoun (8e s.), Saint Grégoire de Datev un poète mystique du 14e siècle, et bien sûr Saint Grégoire de Narek (+1003), (dont le monastère au sud du Lac de Van est situé de nos jours en Turquie), célèbre pour son Livre de Prières (ré-édition Sources Chrétiennes no 78, 2000).La spiritualité copte est marquée par le monachisme qui débuta sur la terre égyptienne: tout d’abord sous la forme érémitique avec Saint Antoine qui vécut isolé dans une grotte dans une montagne non loin de la Mer Rouge, là où se trouve encore le monastère qui porte son nom. La vie cénobitique ou communautaire fut organisée par Saint Pachôme plus au sud, près du Nil.
(Vies de Saint Antoine et de Saint Pachôme, Editions Bellefontaine; Pallade Histoire Lausiaque, DDB; Sentences des Pères du Désert, édition Solesmes)
Le moine Cassien visita les ascètes d’Egypte avant de fonder deux monastères à Marseille: il relate leurs conseils spirituels, en particulier dans ses Conférences écrites vers 420/30. (Sources Chrétiennes 42, 54, 64) et dans ses Institutions (Sources Chrétiennes 109).En Ethiopie la plupart de la littérature ascétique et liturgique fut prise de la tradition copte, puis traduite en ge’ez, la langue classique et liturgique. Les Ethiopiens chrétiens enrichirent cela au cours des siècles par des productions autochtones. Ainsi la Tradition éthiopienne fait remonter certaines prières et sa musique liturgique à Saint Yared (6e siècle). La tradition éthiopienne raconte aussi que l’Arche de l’Alliance a été transportée de Jérusalem à Axoum par Ménélik Ier, le fils de la reine de Saba et du Roi Salomon. Des sortes de mouvements (shibsheba) exécutés par les chantres (debteras) lors des grandes fêtes seraient inspirées, selon certains, des danses exécutées par le Roi David devant l’Arche; les chantres y utilisent des instruments musicaux semblables, comme les sistres, et aussi des tambours et des bâtons avec lesquels ils frappent le sol de manière rythmique.
En Ethiopie la vie ascétique est vécue par les moines et les laïques, en particulier en suivant les offices de nuit et les liturgies des très nombreuses fêtes annuelles et mensuelles propres au calendrier éthiopien. En effet, le calendrier éthiopien commémore mensuellement à dates fixes certaines grandes fêtes annuelles et celles des principaux saints, (voir K. Pedersen ‘Les Ethiopiens’, Brepols, 1990, p. 129). Traditionnellement les veufs et veuves se dédient à la vie monastique. Dans les monastères on rencontre la vie la plus ascétique existant encore dans le Christianisme, digne des premiers Pères du Désert. Certains ermites (bahatawis), des hommes et quelques femmes, vivent encore dans des grottes, dans la forêt. Certains, comme à Waldabba, au nord-est du pays, creusent des arbres afin de pouvoir s’y tenir debout pendant de très longue prières, retenus parfois par une ceinture à l’avant pour éviter de tomber. C’est d’ailleurs dans cette position de prière qu’est représenté iconographiquement le grand saint national, Tekle Haymanot, mort en 1313, qui vécut là où se trouve le Monastère de Debre Libanos, au nord d’Addis Ababa.
Au 14e siècle un autre moine, Ewostatewos, eut aussi une grande influence sur la vie monastique en Ethiopie, en particulier pour les fondations monastiques dans le nord de l’Ethiopie et en Erythrée actuelle. Il visita l’Egypte, la Terre Sainte et il mourut en Arménie.
(Elias, G., ‘The Monastery of Abrentant in Waldibba’, in Documents Pour Servir à l’Histoire des Civilisations Ethiopienne, 8, Paris (1977), 93-118. Budge, E.A.W., The Life and Miracles of Takla Haymanot, 2 vols., London, (1906); Lusini, G., ‘Studi sul monachesimo eustaziano (14-15 s.)’, Studi Africanistici, Naples, (1993), Serie Etiopica 3, p.113-15).
Certains moines éthiopiens ont résidé dans des monastères coptes, lorsqu’ils traversaient l’Egypte pour aller en pèlerinage à Jérusalem.Les quatre communautés orthodoxes orientales vénèrent les martyrs, les saints, en particulier les saints locaux, vénèrent leurs reliques, et font des pèlerinages, y compris dans les monastères. Toutes les Eglises orthodoxes orientales ont plusieurs monastères en Terre Sainte.
Les Orthodoxes orientaux, comme les Orthodoxes chalcédoniens, jeûnent, font des prosternations en priant, surtout pendant le Grand Carême, et ils vénèrent les icônes.
(cf C.Chaillot, Rôle des Images et la Vénération des Icônes dans les Eglises orthodoxes orientales, Genève, 1993).
Certains ascètes sont à la fois théologiens et poètes.
Présent, nouveautés et projets
Dans le contexte actuel de la diaspora, des monastères sont établis en Amérique, Australie, Afrique et en Europe. Les Syriaques ont un monastère à Losser aux Pays Bas, à Warbourg en Allemagne, à Arth en Suisse. Les Coptes ont plusieurs monastères en Grande Bretagne, en Allemagne, en Italie et ailleurs.
En Syrie, près de Damas, à Saydnaya (où se trouve une célèbre icône miraculeuse de la Vierge dans un couvent ‘grec orthodoxe’), les Syriaques ont construit un grand monastère dédié à Saint Ephrem, lieu qui est aussi un séminaire de théologie et un centre de conférences, avec bibliothèque.
Après la longue période de communisme vécue non seulement en Russie mais aussi dans les pays voisins, le séminaire de théologie à Etchmiadzine, en Arménie, compte de jeunes vocations cléricales, actuellement environ une centaine d’étudiants. Il y a également deux petits séminaires pour la formation du clergé au Lac Sevan et à Goumri.
L’archevêque Adjemian a organisé dans le cadre de l’université à Erevan une faculté de théologie dont il est le directeur, où l’on enseigne aussi les langues et d’autres matières, et où les jeunes filles sont admises et nombreuses.
L’Eglise d’Arménie organise à présent un réseau de radio et télévision.
L’Association ‘Terre et Culture’, fondée à Paris il y a plus de vingt ans, a restauré différents lieux historiques en Arménie (Talin, Amberd, Datev, Monastère de Saghmosavank), et aussi en Iran, au nord de Tabriz (Monastères arméniens de Saint Thadée, l’apôtre de l’Arménie, et Saint Barthélémy, église de Dzordzor), et a apporté de l’aide dans des villages en Arménie, au Haut-Kharabagh, et également au nord de la Syrie où se trouvent des villages arméniens. Des jeunes Arméniens de l’étranger vont travailler à ces projets pendant les vacances. L’Association organise quelques voyages (16 rue Notre-Dame de Lorette, 75009 Paris).L’Eglise copte a connu un grand renouveau dès le Patriarche Cyril VI (1959-71), suivi par l’actuel Patriarche Shenouda III. C’est une Eglise particulièrement nombreuse (environ 7 millions) et organisée: des services de santé et d’éducation aident les petits fermiers, les personnes désavantagées, les handicapés, les orphelins, etc. Un diaconat féminin (et même masculin) est très actif depuis ces dernières décennies. Deux évêques s’occupent exclusivement de la jeunesse. Un centre d’études patristiques traduit les Pères de l’Eglise en arabe, les publie et organise des conférences.
L’Eglise d’Ethiopie a elle aussi subi depuis 1974 jusqu’à 1991 un régime communiste appellé DERG. La population a également souffert de diverses famines et de guerres avec ses voisins. Un département du Patriarcat, DICAC, s’occupe des projets de développement. D’autres départements sont responsables de la mission, de la catéchèse, et d’autres services. Le Collège de la Trinité a commencé en 2001 des cours de théologie pour externes, ouvert aussi, pour la première fois, à des femmes. Là un petit centre d’études éthiopiennes et d’information vient d’être ouvert (14 février 2002).
Des petites revues et publications des Eglise orthodoxes orientales apparaissent en langues étrangères, surtout en anglais. Les sites internet se développent et deviennent les meilleurs moyens de communiquer. Les plus organisés sont ceux du Catholicossat arménien d’Antélias, des Syriaques et des Coptes, surtout via les communautés aux Etats Unis, et aussi en Australie. Un projet d’internet devrait être organisé cette année par une Association d’étudiants très active en Ethiopie et dans la diaspora, Mehebere Kidusan .
Notons que les Eglises copte et éthiopienne ont des activités missionnaires en Afrique et ailleurs (par exemple aux Antilles).
Au niveau liturgique, les Eglises orthodoxes orientales ont gardé des prières parmi les plus anciennes.
Les principales anaphores utilisées par les Coptes sont celles dites de Saints Grégoire, Cyrille et surtout celle de Saint Basile. L'anaphore est la partie centrale de la liturgie. Chez les Syriaques, où l'on compte plus de 70 anaphores, on utilise surtout celles de Saint Jacques et celle des Douze Apôtres. Les Ethiopiens ont gardé 14 anaphores. La liturgie arménienne fut inspirée par celle de Saint Basile de Césarée et montre aussi quelques similitudes avec la tradition syriaque.
Le déroulement de ces liturgies et de ces offices, même si les textes et la musique sont différents, est semblable à ceux des Orthodoxes chalcédoniens de tradition byzantine.
Dans toutes les Eglises Orthodoxes Orientales on a gardé le baiser de paix pendant la liturgie.En conclusion, j’espère que tout cela vous donnera envie de découvrir les Eglises orthodoxes orientales, de visiter leurs monastères en Europe, ou du moins d’assister à leurs liturgies et offices ici à Bruxelles, et peut-être, si cela est possible, de les visiter dans leurs pays d’origine, car l’idéal c’est de les rencontrer là, pour mieux tout comprendre de leur vie et leur histoire.
Petite bibliographie
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Théodore Netsoulas dans sa thèse publiée sur la présence hellénique en Ethiopie couvre la période historique de 1740 à 1936 (lire résumé dans Abba Salama 8, Athènes 1977), mais les informations qu’il donne doivent être complétées (par exemple en consultant les archives des deux Patriarcats).
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