25e dimanche après la Pentecôte
lectures du dimanche : Ep 4, 1-6
25 Et voici qu'un légiste se leva, et lui dit pour l'éprouver : « Maître,
que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? »
26 Il lui dit : « Dans la Loi, qu'y-a-t-il d'écrit ? Comment
lis-tu ? »
27 Celui-ci répondit : « Tu aimeras le Seigneur,
ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force
et de tout ton esprit; et ton prochain comme toi-même. » (1)
28 « Tu as bien répondu, lui dit Jésus ; fais
cela et tu vivras. »
29 Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et
qui est mon prochain ? »
30 Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho,
et il tomba au milieu de brigands qui, après l'avoir dépouillé et
roué de coups, s'en allèrent, le laissant à demi
mort.
31 Un prêtre vint à descendre par ce chemin-là; il
le vit et passa outre.
32 Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le vit et passa
outre.
33 Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près
de lui, le vit et fut pris de pitié.
34 Il s'approcha, banda ses plaies, y versant de l'huile et du vin, puis
le chargea sur sa propre monture, le mena à l'hôtellerie
et prit soin de lui.
35 Le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l'hôtelier,
en disant: Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en
plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour.
36 Lequel de ces trois, à ton avis, s'est montré le prochain
de l'homme tombé aux mains des brigands ? »
37 Il dit : « Celui-là qui a exercé la miséricorde
envers lui. » Et Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais
de même. »
Traduction Bible de Jérusalem © Éditions du Cerf
Commentaire patristique par saint Grégoire de Nysse (335-395)
Le bon Samaritain
"C'est là mon bien-aimé, c'est là mon ami, filles de Jérusalem" (Ct 5,16). L'Épouse du Cantique montre celui qu'elle cherchait en disant : "Voici celui que je cherche, celui qui pour devenir notre frère est monté du pays de Juda. Il est devenu l'ami de celui qui était tombé aux mains des brigands : il a guéri ses plaies avec de l'huile, du vin et des pansements ; il l'a fait monter sur sa propre monture ; il l'a fait reposer dans l'hôtellerie ; il a donné deux pièces d'argent pour son entretien ; il a promis de donner à son retour ce qui aurait été dépensé en plus pour accomplir ses ordres." Chacun de ces détails a une signification bienévidente.
Le docteur de la Loi tentait le Seigneur et voulait se montrer au-dessus des autres ; dans son orgueil il faisait fi de toute égalité avecles autres, disant : "Qui est mon prochain ?" Le Verbe alors lui expose, sous forme d'un récit, toute l'histoire sainte de la miséricorde : il raconte la descente de l'homme, l'embuscade des brigands, l'enlèvement du vêtement incorruptible, les blessures du péché, l'envahissement par la mort de la moitié de notre nature (puisque notre âme est restée immortelle), le passage inutile de la Loi (puisque ni le prêtre ni le lévite n'ont soigné les plaies de celui qui était tombé aux mains des brigands).
"Il était en effet impossible que le sang des taureaux et des boucs efface le péché" (He 10,4) ; seul pouvait le faire celui qui a revêtu toute la nature humaine -- des Juifs, des Samaritains, des Grecs -- en un mot, de toute l'humanité. Avec son corps, qui est la monture, il s'est rendu dans le lieu de la misère de l'homme. Il a guéri ses plaies, l'a fait reposer sur sa propre monture, et il a fait pour lui de sa miséricorde une hôtellerie, où tous ceux qui peinent et ploient sous le fardeau trouvent le repos (Mt 11,28).
Homélie 15 sur le Cantique des Cantiques ; PG 44, 1085-1087 (trad. Canevet, Cerf 1992, p. 194)
Commentaire patristique par Rabban Youssef Bousnaya (Père syrien du IXe siècle)
Amour des hommes, amour de Dieu
Mon fils, applique-toi de toute ton âme à acquérir l'amour des hommes, dans lequel et par lequel tu t'élèveras à l'amour de Dieu qui est la fin de toutes les fins. Vains sont tous tes labeurs qui ne sont pas accomplis dans la charité. Toutes les bonnes œuvres et tous les labeurs conduisent l'homme jusqu'à la porte du palais royal ; mais c'est l'amour qui nous y fait demeurer et nous fait reposer sur le sein du Christ (Jn 13,25).
Mon fils, que ton amour ne soit pas partagé, divisé, intéressé, mais répandu partout en vue de Dieu, désintéressé. Le Christ te donnera la connaissance pour comprendre le mystère de cette parole. Aime tous les hommes comme toi-même ; bien mieux, aime ton frère plus que toi-même ; ne recherche pas seulement ce qui te convient, toi, mais ce qui est utile à ton frère. Méprise-toi toi-même pour l'amour de ton prochain, afin que le Christ soit miséricordieux et fasse de toi un cohéritier de son amour.
Prends bien garde de mépriser cela. Car Dieu nous a aimés le premier, et il a livré son Fils à la mort pour nous. "Dieu a tellement aimé le monde qu'il a livré pour lui son Fils unique", dit l'apôtre Jean, témoin de la vérité (Jn 3,16). Celui qui marche dans ce sentier de l'amour, grâce à son labeur, arrivera promptement à la demeure qui est le but de ses efforts. Ne pense donc pas, mon fils, que l'homme puisse acquérir l'amour de Dieu, qui nous est donné par sa grâce, avant d'aimer ses frères en humanité.
(cf. Vie et doctrine de Rabban Youssef Bousnaya par Jean Bar Kaldoum trad. Chabot in Deseille, Evangile au désert, Cerf 1999, p. 326)