Récemment, près d’une centaine de jeunes professionnels et étudiants se sont retrouvés dans la région parisienne, dans le cadre du Festival de la Jeunesse Orthodoxe, afin de partager ensemble une réflexion sur le sens de la mission pour un chrétien dans le monde d’aujourd’hui.
Comment trouver un langage commun entre l’Église et le monde ? Comment faire pour que chaque homme et chaque femme que nous rencontrons découvrent le visage de l’Unique ? Comment descendre dans la profondeur de l’homme pour lui faire mesurer la profondeur de Dieu ? Comment ne pas tomber dans le sentimentalisme et l’émotionnel et faire appel plutôt à l’intelligence du cœur et de l’esprit ? Comment faire pour que l’incarnation du Fils s’étende au monde entier ? Bref, comment transmettre Dieu à la multitude ?
Nous le savons, l’Église est le lieu par excellence où le Corps du Christ devient réalité dans ce monde. En ce sens, la mission prend son origine dans la profondeur de la liturgie eucharistique, de la communauté eucharistique. Nous sommes l’Église qui, transformée par l’Esprit Saint, est le Corps du Christ.
Nous sommes l’Église appelée pour être envoyée ; appelée à travailler, à coopérer avec notre Seigneur pour donner la vie. Église au sein de laquelle notre vocation est de devenir des pêcheurs d’hommes. En Christ, dans la liturgie, nous participons au salut du monde, de la création tout entière ; là où Dieu est tout en tous. Sommes-nous seulement conscients du caractère cosmique de la liturgie et de la mission du Christ ? La mission s’inscrit ainsi dans toutes les strates de nos vies.
J’écris ces lignes alors qu’il m’est donné de passer quelques jours, chez des amis, dans un environnement où la nature, les animaux et l’homme cohabitent dans un équilibre que nous ne connaissons plus, ou que trop rarement, dans nos pays industrialisés. Un environnement où l’homme, à l’instar d’Adam nommant tout être vivant, roi de la création, porte la responsabilité de cet équilibre.
L’homme, celui à qui Dieu a confié la création, qui la porte comme un don et en même temps la rend au Seigneur dans un incessant mouvement de grâce ; louant Dieu pour cet équilibre, pour la beauté. Il y a ici une profonde compréhension du fait que Dieu emplit tout et en même temps un réel témoignage de l’incarnation de la parole de Dieu dans le Monde.
Tous les dimanches, nous chantons que nous avons contemplé la Résurrection du Christ. Être missionnaire c’est être témoin de tout cela, d’un mode d’existence, d’une façon d’être, d’un style de vie personnel et communautaire qui témoigne de la présence réelle dans le monde du Corps du Christ ressuscité. La mission est au-delà de la simple annonce de la Bonne Nouvelle. La mission consiste à vivre la Bonne Nouvelle. Il n’y a pas de limite au don que notre Dieu fait de Lui-même. C’est infini, c’est surabondant ! De même, notre responsabilité est bien de donner à tous l’amour de Dieu sans aucune limite, distinction ou discrimination. C’est pourquoi on ne pourra jamais enfermer l’Église dans des limites.
Que le Saint-Esprit, que nous invoquons à chaque liturgie pour qu’Il descende sur nous et sur les Saints Dons, transforme notre propre comportement et celui de nos communautés afin de devenir des communautés de témoignage qui restent au cœur de la lumière et ne soient pas cause de scandale.
Alors essayons, chacun là où nous avons été placés, d’apprendre à rendre grâce, à faire de nos vies une eucharistie. Et devant toutes les merveilles que notre Seigneur fait pour nous, soyons aussi capables de l’émerveiller à notre tour par l’amour que nous saurons porter les uns aux autres, dans nos communautés comme à l’égard de la création tout entière !
« Et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, et la Samarie et jusqu'aux extrémités de la Terre. » (Ac 1-8)