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Éditorial de novembre 2011

Participer à l'œuvre de Dieu

"LE PEUPLE QUI MARCHAIT DANS LES TÉNÈBRES

A VU UNE GRANDE LUMIÈRE !"

L'automne, et bientôt l'hiver, étendent leur manteau brumeux sur la terre.

Les arbres se sont dépouillés de leurs feuilles ; la sève se retire des branches, les jours raccourcissent, le chant des oiseaux se fait plus discret comme pour ne pas interrompre le silence de la nuit qui s'installe... En deux mots, la nature s'intériorise et se recueille.

Tout nous porte à entrer nous aussi en retraite, comme nous y invite liturgiquement le carême de Noël qui débutera le 15 novembre.

Le mot "retraite" est à prendre au sens étymologique : il s'agit de nous retirer autant que faire se peut de l'éparpillement dans nos activités débordantes, pour nous tourner vers l'intérieur,et nous mettre à l'écoute du silence.

N'en soyons pas effrayés. Dans notre progression vers l'humble grotte de Bethléem nous serons accompagnés par la Mère de Dieu et saint Joseph qui sont en route, eux aussi.

"Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière" lit-on dans Isaïe (9, 2).

Mais quelle est la lumière qui nous guide dans notre vie quotidienne ? Celle des spots publicitaires ? des flash infos ? des devantures ruisselantes des magasins ? ou de l'artificielle clarté dégagée par les soirées mondaines ?...

Réussissons-nous à prendre de la distance face à ces multiples sollicitations extérieures ? Gardons-nous notre liberté intérieure ou sommes-nous prisonniers de notre société de consommation qui érige l'apparence et la jouissance en valeurs suprêmes ?

En tant que baptisés, notre vocation est d'être "dans le monde" sans être "du monde" ; autrement dit nous ne sommes pas invités à nous soustraire au monde, mais à redécouvrir notreintériorité spirituelle, afin de nous conduire comme "des fils de la lumière, des fils du jour", car "nous n'appartenons pas à la nuit et aux ténèbres". Dès lors "ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres" (1Th 5, 5-6).

Le message est clair : "Veillez" ; tel est le mot d'ordre de tout ce temps carémique qui s'ouvre devant nous.

La sobriété - signifiée par le jeûne - a pour but de nous soustraire à la fascination des sollicitations extérieures ; la vigilance doit nous garder attentifs aux motions intérieures de l'Esprit.

Pour qu'une telle attitude devienne habituelle, il faut bien sûr s'y exercer en des temps privilégiés durant lesquels nous nous efforçons de prier, de nous intérioriser, de revenir en nous-mêmes pour y trouver Dieu.

La difficulté est que nous avons perdu la clé de notre chambre intérieure ; lorsque nous essayons de faire silence, nous sommes bientôt submergés par le bruit de nos pensées en cavale et par le tintamarre de nos émotions débridées. Aussi risquons-nous de nous décourager : comment pourrions-nous revenir à nous-mêmes alors que nous ne savons plus qui nous sommes ?

C'est bien pourquoi saint Paul nous invite à "revêtir le Seigneur Jésus-Christ pour le combat de la lumière".

Le Christ n'est-il pas le vrai visage de l'homme réconcilié avec Dieu et rétabli dans la lumière de la grâce ? N'est-il pas le chemin qui nous conduit à notre vérité profonde et à la source de la vie ?
Revêtir le Christ signifie épouser sa manière de voir les personnes, les événements ; évaluer les situations à la lumière de ses critères ; pour agir conformément à ce qu'il attend de nous.

Tel est bien le cour de la conversion à laquelle nous sommes invités en ce temps de préparation de Noël : nous laisser conduire jour après jour par l'Église vers le Christ, afin de retrouver l'attitude de vigilance intérieure qui convient à un disciple en attente du retour de son Maître.

Comme Noé, nous avons à "entrer dans l'arche" de l'Église - de notre "église intérieure", c'est-à-dire de notre cœur - pour nous y tenir prêts à "l'avènement du Fils de l'Homme". Veillons intérieurement pour demeurer en présence du Seigneur, afin de Le reconnaître quand Il viendra, mais aussi afin de Le découvrir dans le visage de ceux qui nous entourent et qui sont
confiés à notre vigilance.

Veillons sur eux comme le Seigneur veille sur nous. Plus exactement : laissons le Seigneur se servir de notre vigilance pour les entourer de la sienne !

Le discernement des signes du Royaume qui vient implique que nous acceptions de devenir nous-mêmes ces signes, en nous laissant conduire par les commandements évangéliques.

"Deux hommes seront aux champs : l'un est pris, l'autre laissé. Deux femmes seront au moulin l'une est prise, l'autre laissée" nous dit le Christ.

Risquons une interprétation de ce verset en apparence terrible si on le lit trop à la lettre :

Comprenons plutôt que les hommes représentent la dimension extérieure de notre humanité - l'être "charnel" dont parle saint Paul - et que les femmes symbolisent notre intériorité psychique, c'est-à-dire notre dimension affective. Chacune de ces polarités - masculine et féminine - est présentée en binôme, pour signifier que nous sommes "doubles" : notre être psychique et notre être charnel sont en partie autonomes, et en partie soumis à l'être spirituel, c'est-à-dire à l'homme nouveau, au Christ intérieur. "L'un(e) est pris(e), l'autre laissé(e)" : l'être naturel en nous ne subsistera que dans la mesure où il se sera soumis à l'Esprit, c'est-à-dire dans la mesure où il aura accueilli la grâce du salut par l'incarnation du Christ. Peut-être pouvons-nous deviner, en filigrane des personnages masculins et féminins qui "sont pris", saint Joseph et la Mère de Dieu chez qui l'être charnel et psychique sont pleinement intégrés dans l'être spirituel pour le service du dessein de Dieu. Tous deux vivent dans le monde, mais ne sont pas du monde : leurs pensées, leurs paroles, leurs actions sont entièrement finalisées sur l'accueil du Sauveur.

Qui donc mieux que la Mère de Dieu et Saint Joseph pourrait nous introduire dans ce temps de conversion à l'unique nécessaire ?

Très Sainte Mère de Dieu, apprends-nous à tourner nos regards vers l'intérieur et à cultiver la vigilance du cœur.

"Saint et juste Joseph, enseigne-nous comment œuvrer dans le monde sans nous disperser ou nous laisser accaparer par nos activités. De sorte que tout ce que nous disions, tout ce que nous faisions, soit toujours accompli au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui notre action de grâce à Dieu le Père" (Col 3,17)." Amen !

Père Élisée

Bulletin de la Crypte N° 397 novembre 2011