Éditorial d'octobre 2011

Participer à l'œuvre de Dieu

Ce mois de septembre 2011 a été marqué par la commémoration du 10e anniversaire des attentats du 11 septembre aux États-Unis. Des attentats qui ont tant ébranlé le monde : la première puissance mondiale touchée de plein fouet.

C'est au nom de Dieu que l'on a tué. Ce n'est pas la première fois dans l'histoire de l'humanité que des hommes se réclamant de Dieu font régner la haine et la terreur. Et cela est vrai de la plupart des religions. Fruits de l'intégrisme et du fondamentalisme, les terroristes exaltent un dieu qui n'est pas.

Nous le savons bien, depuis la chute, le monde est un immense champ de ruines : le désordre, la violence, l'injustice, les guerres, la haine, la faim, la pauvreté règnent. Comment Dieu peut-Il permettre cela ?

Dieu ne le permet pas ! Dieu combat le mal Il le combat fondamentalement par la Croix. Cette Croix que nous célébrons également au mois de septembre. Cette Croix qui surgit au cours de l'histoire de l'homme. Cette Croix qui va déplacer les profondeurs de l'histoire.

Dieu combat le mal en envoyant son propre Fils appelé à devenir l'unique victime innocente. Sur la Croix, Jésus a souffert, dans son humanité, la passion et la mort, pour le salut du monde. L'immense champ de ruines devient alors un immense champ de compassion, auquel Jésus nous presse de participer. Il nous presse de participer à l'œuvre du Père.

Participer à l'œuvre de Dieu, c'est s'immerger en Lui, s'oublier soi-même et aimer. Aimer la création. Aimer à en mourir, à l'image de notre Seigneur. Aimer à en mourir, pour renaître.

Participer à l'œuvre de Dieu, c'est aussi ne pas avoir peur de sortir d'un conformisme réducteur, carcan aliénant, source de ce même intégrisme qui mène à l'intolérance et à la haine. Participer à l'œuvre de Dieu, c'est être libre. Si le Christ a refusé de changer les pierres en pain, s'Il a accepté volontairement la Croix, c'est pour fonder notre liberté. La foi nous libère de la peur, de la mort. Toute la vie de l'Église se construit sur la liberté et l'amour pour vivre dans le souffle de l'Esprit Saint.

Participer à l'œuvre de Dieu, c'est se dépasser, c'est déplacer des montagnes - chacun à sa mesure ; c'est repousser les frontières ; réunir tout ce qui est séparé.

Participer à l'œuvre de Dieu, c'est aussi ouvrir les portes de nos églises sur le monde ; c'est faire que nos églises et nous-mêmes soyons comme des bougies qui illuminent ce monde, afin d'amener à Dieu les indifférents, les accablés, ceux qui n'ont pas la force de venir.

Devant la barbarie, la violence, ce champ de ruines qu'est le monde nous sommes bien peu de chose ; nous nous sentons impuissants. Par contre, il dépend de nous que l'Église que nous sommes, toutes ces lueurs rassemblées, soit le corps de la compassion de Dieu dans le monde.

N'oublions pas que, si le 11 septembre 2001 a été marqué par la haine, cette journée a également été celle où se sont manifestés générosité, amour, compassion, par la mobilisation d'hommes et de femmes qui ont prié, aidé, consolé, sauvé des vies. C'est bien par nous tous que se construit et vit l'Église et qu'elle renouvelle la présence de l'Unique dans le monde.

Que cette nouvelle année liturgique soit pour chacun de nous et notre communauté ce temps du recommencement, ce temps de la construction et du témoignage afin que le monde vive.

Père Alexis